Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T2.djvu/273

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ment qu’il ne m’a guère été possible de monter à sa petite maisonnette de Monnetier pour lui dire adieu[1].

« Enfin, mon ami, il vous est venu une bonne et sainte pensée ! Nous vous reverrons, et cela tout à notre aise ; nous vous aurons matin et soir, jour et nuit ! Gare à vous, bon et cher George, nous vous laisserons à peine le temps de dormir, moins encore celui de respirer. Oh ! vous ne pouvez pas vous figurer quelle fête nous nous faisons de passer une quinzaine avec vous, illustrissima ! D’ici à deux jours votre procès sera terminé. Nul doute que vous n’obteniez toute satisfaction, car vous avez cent et cent fois raison, ce qui n’est pas de trop pour vous. Dieu merci, votre vie va être plus franche et meilleure ; certes, vous méritez bien au delà, mais il vous suffit, n’est-ce pas, que ceux qui vous aiment le sentent.

« Je vous écris d’une méchante auberge, en attendant la diligence (car depuis six semaines je suis toujours par voies et par chemins). Si je savais au juste quelle route vous prendriez, je viendrais à votre rencontre. En attendant je vais toujours faire de nouveau emballer mon beau piano pour Genève, et de plus, il faudrait que Puzzi se charge de remettre, à neuf mes deux pipes. Si vous en apportez une troisième, ce sera tant mieux.

« Nous recauserons tout au long de mille choses : peut-être vous conviendrai-je davantage à cette heure, car je me suis horriblement bêtifié, en faisant des notes, des notes et toujours des notes !

« Au reste, vous trouverez ici un ou deux individus extrêmement remarquables et qui se réjouissent beaucoup de vous voir. Si vous avez envie de voir plus de monde, ce

  1. Mme d’Agoult occupait alors un petit chalet sur le Mont-Salève.