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mour humain, mais surtout dans la charité envers le prochain, dans l’oubli de soi-même. En écoutant les discours désespérés de la belle Léa, on croit entendre Aurore Dudevant elle-même, désenchantée des hommes et de l’amour humain, cherchant avidement la lumière et la vérité, suppliant tantôt Sainte-Beuve et tantôt Michel de l’aider à trouver cette vérité, de lui donner une foi qui pût calmer son âme meurtrie, dégoûtée de toutes les joies terrestres. Le vieux Pamphile réussit à libérer l’âme de la belle Léa des chaînes de ses croyances païennes et de toute son existence passée ; il la réconcilie avec la fin irrévocable de toutes les jouissances terrestres, en lui montrant une lumière nouvelle, en lui enseignant à prier le « : Dieu inconnu ». Le farouche Everard libéra l’âme d’Aurore Dudevant des liens d’un individualisme excessif, la réconcilia avec la vie, en lui apprenant à trouver le bonheur non dans ses propres plaisirs, mais dans le service de l’humanité, dans la fusion de son individualité avec la vie, les intérêts, les joies et les malheurs de la patrie ainsi que de toute la race humaine.

Les relations amicales entre Michel de Bourges et George Sand, quoiqu’elles n’aient guère duré plus de deux ans, eurent donc une action très sérieuse et très importante sur la vie du grand poète. Cette influence ne fut pourtant pas uniquement intellectuelle, elle eut des suites sur tout l’avenir d’Aurore Dudevant, dans le sens direct et pratique du mot, car c’est Michel de Bourges qui fut son avocat lors de son procès en séparation contre son mari.


Revenons maintenant à l’historique des relations entre les époux Dudevant, dont nous avons fait le récit jusqu’à la fin de 1830, c’est-à-dire jusqu’au départ d’Aurore pour Paris.