Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T2.djvu/322

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rités… » Alors, après avoir rappelé que depuis 1831 les époux n’avaient plus pu vivre que séparément (« accord parfait, expressions bienveillantes et gracieuses de la part du mari lorsque sa femme réside à Paris, en voyage, au loin ») ; qu’aussitôt qu’ils étaient ensemble, Aurore était en butte à des offenses de tout genre (« reproches, expressions amères, hostilité au moindre essai de rapprochement »), Michel, ne s’adressant plus à Casimir, mais aux juges, leur remit devant les yeux que l’acte du 14 avril soulignait l’aversion de Casimir pour sa femme, aversion qui avait déjà éclaté auparavant et était maintenant devenue publiquement notoire. « Les injures contenues dans la requête du 14 avril, injures atroces, infâmes, que l’avocat de M. Dudevant n’a pu se résoudre de prononcer à l’audience, mais qui sont acquises au procès, viennent donner un caractère excessif, ineffaçable à cette aversion déjà si prononcée, si publiquement exprimée. Et elles seules, en l’absence de tout autre grief, entraînent impérieusement la nécessité de faire ce que vous avez déjà fait, de maintenir le jugement qui prononce la séparation… »

Après les conclusions du procureur, le tribunal a statué : que l’opposition du sieur Dudevant aux jugements du 1er  décembre 1835 et du 16 février 1836 devait être admise et que, vu différents vices de la procédure, les deux jugements et l’enquête du 14 janvier devraient être annulés. Mais, prenant en considération que dans l’acte du 14 avril, par lequel Dudevant ne voulait pas attaquer, mais bien se défendre, étaient exposés des faits diffamatoires, attaquant l’honneur et la réputation de Mme Dudevant, et ne laissant aucun espoir de rapprochement entre les époux, le tribunal se voyait d’autant plus obligé de déclarer la séparation des époux, qu’elle était reconnue inévitable par les deux parties.