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Dudevant ne s’en tint pas là, et trois ans après, en février 1841, il exigeait de nouveau quelque chose de sa femme. Elle écrit à ce propos à Hippolyte[1] : « Je ne comprends rien à la demande de 125 francs, de M. Dudevant. Apporte-moi une rédaction claire de sa prétention, afin que je consulte, et si cela est dû je le paierai. Mais cela ne finira donc jamais ? Faut-il être cuistre pour faire de pareilles réclamations ! Est-ce que Martin (avoué à La Châtre), qui ne l’est pas, ne devrait pas mettre cette bêtise aux oubliettes ? Je ne comprends pas pourquoi je dois payer cela. Mais enfin, avec lui, j’ai appris à ne m’étonner de rien… »

Dans sa lettre à Hippolyte, imprimée dans le second volume de sa Correspondance (p. 162) et servant de suite à la lettre que nous venons de citer, George Sand donne un autre exemple non moins incroyable de l’avarice outrée de Dudevant.

On voit par les lettres de George Sand que lorsque Maurice était devenu grand, il allait tous les ans passer quelque temps chez son père à Guillery, et qu’en 1846 les époux avaient déjà tellement oublié leurs anciens griefs, qu’ils vinrent à s’inviter l’un l’autre par la bouche de leur fils. Mais quand, à l’occasion du mariage de Solange, Dudevant vint lui-même à Nohant, George Sand, à propos de l’arrivée à Nohant du « baron et de sa suite », écrivit ce qui suit : « Jamais mariage ne fut moins gai, en apparence du moins, grâce à la présence de cet aimable personnage, dont les rancunes et les aversions sont aussi vives que le premier jour. Heureusement, il est parti à quatre heures du matin, le lendemain du mariage[2]. »

  1. Lettre inédite.
  2. Lettre inédite à Mlle de Rozières, élève de Chopin, du 21 mai 1847.