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George Sand. Il est de toute évidence que dès le moment où Mme d’Agoult ne fut plus entre eux, les relations de George Sand avec Liszt s’améliorèrent aussitôt. Il n’y eut plus entre eux, il est vrai, la même intimité, mais l’ancienne admiration de Liszt pour George Sand, comme écrivain, ne subit jamais la moindre éclipse.

En 1842, il entreprit de composer un opéra sur Consuelo, et il suivait en général avec intérêt tout ce qui sortait de la plume de George Sand. Dans sa correspondance publiée, nous trouvons plus d’une fois des passages sur les œuvres de George Sand (entre autres sur l’Histoire de ma Vie) ou sur sa Correspondance. Il analyse d’une manière très détaillée toutes les lettres qui l’ont frappé ou qui lui ont le mieux plu[1]. Bien plus intéressante encore est l’influence immédiate qu’exerça sur Liszt notre grand écrivain, ce qui est par exemple très visible dans l’avant-propos littéraire du poème symphonique de Liszt : « Héroïde funèbre. » Cet avant-propos est la répétition presque textuelle d’une page bizarre et fantastique des Sept cordes de la lyre, et c’est ce qui nous porte à analyser ici ce livre, quoiqu’il n’ait paru qu’en 1839.

Il est fort douteux qu’un lecteur de nos jours lise jamais cette œuvre, et l’on peut dire que presque aucun des admirateurs de George Sand ne la connaît ou ne s’en souvient. Quant aux critiques, ils la passent tout à fait sous silence, ou se bornent, en en parlant, à quelques lignes dans le genre des courtes phrases suivantes qu’en dit, par exemple, M. d’Haussonville : « : Parmi les ouvrages de George Sand, il y a une œuvre qui ressemble à un drame fantas-

  1. Voir les lettres du 5 mai et du 4 juin 1855 à sa mystérieuse amie. (Franz Liszts Briefe. III Band, Briefe ain eine Freundin, herausgeben von La Mara. 1894. Leipzig). Voir aussi sa lettre à Mme Malvina Tardieu, du 6 novembre 1882.