Aller au contenu

Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T3.djvu/173

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Thurn-sur-Hart, 26 septembre 1855.
Très honoré ami,

Sans me prévenir, et à mon grand regret, on fit publiquement emploi, comme d’une arme contre vous, d’une expression que je prononçai sans aucune intention et sans penser à mal, au milieu d’une causerie privée, la moins contrainte possible. Ce qui me tranquillise, c’est que maintenant encore je n’ai pas de raison pour contester aucune de mes paroles d’alors, paroles dont je me souviens parfaitement du reste.

Je trouve toutefois que, dans la lettre publiée dans le Fremdenblatt[1], mes termes ne sont pas fidèlement rendus, ni comme fond, ni comme forme. Ma question toute simple et accidentelle sur le genre de vos relations avec cette dame (dont je vous ai entendu parler si souvent et si volontiers) y apparaît changée en une accusation de fait que je n’avais jamais prononcée, ni pu prononcer. C’est ce que je déclarai en toute franchise et conscience dernièrement à M. Heine à Paris (où je pris d’abord connaissance de cette lettre), et je ne puis avoir aucun scrupule de vous le répéter ici selon toute justice et en réponse à votre lettre datée du 24 septembre de Gratz. Votre tout dévoué,

Comte A. d’Auersperg.
À Monsieur Joseph Dessauer,

à Gratz, hôtel de L’Archiduc-Jean.

M. Sack assure que le comte n’avait « pas du tout été chez Heine » durant ce séjour à Paris et qu’il ne fit que « passer devant sa porte ».

Le docteur Frankl ne dit que ceci : « Grün qui vécut à Paris durant la première moitié de septembre, était très fâché (verstimmt) par la lettre de Heine dans le Fremdenblatt et ne le revit plus avant son départ…[2]. » Nous laissons donc sur la responsabilité de M. Sack la réfutation de l’assertion très claire et précise du comte d’Auersperg lui-même. Il est vrai que le comte d’Auersperg ne dit pas précisément si c’est par écrit ou de vive voix qu’il fit sa déclaration à Heine à propos du « changement » de sa simple question en une « accusation de fait » contre Des-

  1. Lettre de Heine à son frère.
  2. Briefwechsel zwischen A. Grün und L. A. Frankl (p. 74).