Cette lettre pétillante d’esprit et de gaîté, et assez sceptiquement malicieuse, rappelle les épîtres drolatiques de sa jeunesse auxquelles nous venons de faire allusion, tandis que la lettre se rapportant au même sujet, imprimée dans la Correspondance et adressée à Duvernet, le 29 novembre, a une tournure sinon officielle, du moins ostensible : elle fut probablement écrite pour être lue par des tiers. Elle commence ainsi : « Certainement, mes amis, vous devez créer un journal », continue par l’énumération des raisons qui les y obligent, — chose déjà décidée dès l’avant-veille, — puis Mme Sand expose la nécessité de décentraliser Paris moralement, politiquement et socialement et de fonder un organe d’opposition locale ; elle explique les causes qui provoquèrent dans plusieurs départements de la France la création de feuilles locales, comme le Bien de Mâcon, fondé par Lamartine ; elle parle de l’utilité de la presse provinciale en général et de l’action bienfaisante d’un journal berruyer en particulier, et enfin elle définit très catégoriquement la part qu’elle prendrait dans cette publication. Bref, c’est évidemment un de ces programmes, auxquels Mme Sand fait allusion dans ses lettres à Maurice.
Ses autres lettres inédites et imprimées de la fin de 1843 et du commencement de 1844 et les lettres de Leroux prouvent que les délibérations sur le choix du rédacteur et le lieu d’impression du journal durèrent longtemps.
On commença par vouloir imprimer le journal à Paris, puis à Orléans ; enfin, sur la demande de Leroux qui avait installé une imprimerie à Boussac où travaillait toute sa famille, tandis que lui s’acharnait à construire sa célèbre machine, le journal fut confié à cette typographie. George Sand voulait faire deux choses à la fois : unir une affaire de principes à l’aide matérielle prêtée à des amis indigents.
Ce fut la même chose pour le choix du rédacteur. On
jeudi. » En 1843, le 26 novembre tombait un dimanche ; le 27 (lundi), Mme Sand écrit : Je pars après-demain (le 29), comme elle l’avait déjà annoncé dans sa lettre du 18. Elle comptait arriver à Paris le 30 (jeudi). Chopin écrivit aussi le 26 novembre : « Encore quatre jours. » (Voir plus loin, chap. v.)