Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T3.djvu/677

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lui soumettrez un scénario de ce que vous voudrez faire. L’impertinence n’est plus offensante, elle est risible. Avec cette dictature à la place d’un contract (sic), cette partie qui devient juge, juge arbitral, juge en dernier ressort, l’ordre règne au Constitutionnel ! D’ailleurs, son comité ne veut pas ! (Où est le comité dans votre acte ?) Et le gérant refuse de signer. L’homme de paille prend la parole. C’est lui qui force l’innocent autocrate

Merruau ne mène-t-il pas Véron ? Tous les hommes d’argent ont fait de ces avanies aux hommes d’esprit, qui manquaient de cœur. Buloz à Balzac, Bertin à Soulié, etc. Mais ici, nous avons affaire à George, nous verrons bien !…

Donc l’affaire avec Véron se termina par un échec. On entama des pourparlers avec d’autres éditeurs de journaux. On faillit s’entendre avec le directeur du Courrier français, Anténor Joly, mais il ne publia pas ce roman ; plus tard George Sand lui donna sa Lucrezia Floriani. Quant à Au jour d’aujourd’hui, il parut sous son titre actuel de Meunier d’Angibault[1], dans la Réforme que Louis Blanc venait de fonder. George Sand oublia complètement ce titre Au jour d’aujourd’hui, si bien qu’en 1863 M. Jules Claretie voulant faire paraître les Victimes de Paris[2] et intituler l’un de ses récits « Au jour d’aujourd’hui » et se souvenant que « jadis le Constitutionnel avait annoncé un roman de George Sand de ce nom, roman qui n’avait pas paru »[3], s’adressa à Mme Sand pour lui demander s’il pouvait profiter de ce titre qui lui plaisait, Mme Sand lui répondit :


Monsieur,

Je crois me rappeler qu’en effet un de mes romans, je ne sais plus lequel, a été annoncé sous ce titre ; mais le titre n’ayant pas été maintenu, je crois que cela est fort oublié aujourd’hui. Vous êtes donc par-

  1. Le bibliophile Isaac (notre inoubliable ami de Spoelberch) s’abuse donc en disant dans son Essai bibliographique sur les œuvres de George Sand (Bruxelles, 1868) que ce roman « devait s’intituler d’abord le Prolétaire ». Il y avait bien changement de nom, mais pas de celui-ci.
  2. Les Victimes de Paris, par Jules Claretie. Paris, Dentu, 1864.
  3. M. Claretie, en se fiant à l’assertion de Véron que les quatre lettres de George Sand publiées dans les Mémoires d’un bourgeois de Paris avaient trait à Jeanne, crut que c’était Jeanne qui s’intitulait d’abord Au jour d’aujourd’hui, tandis que, comme nous l’avons prouvé, elle s’intitulait Claudie.