Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T3.djvu/682

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achètera un arpent de terre de son ex-propriété et s’y installera en simple villageoise, sous un toit de chaume, avec son petit Édouard, dont elle fera, avec l’aide de Lemor, « un honnête travailleur et un homme nouveau… ». La vieille Bricoline donne les cinquante mille francs qui constituent sa part en dot à Rose, mais elle veut que les Bricolin la marient au meunier. Quant à ce dernier, il accepte les trois mille francs ramassés par le vieux Cadoche durant sa vie de mendiant ; il les donne à trois pauvres familles, pour acquérir une demeure et un morceau de terre, et il s’entend avec elles pour travailler ensemble et partager les profits (!!).

On comprend que les lecteurs bourgeois du journal de Véron et « l’autocrate » lui-même n’aient pas trouvé à leur goût cette histoire-là ! Elle devait, par contre, plaire à Louis Blanc et à ses collaborateurs de la Réforme. D’autant que le roman est admirablement bien écrit, surtout les pages poétiques consacrées aux rendez-vous et aux promenades de Lemor et de Marcelle avec le petit Édouard au milieu des bois et des prés entourant ce moulin sur la Vauvre, les chapitres peignant avec un réalisme vigoureux maître Bricolin avec son dicton perpétuel de au jour d’aujourd’hui : homme pratique, sournois, enflé comme un vrai sac à or, rusé, mais assez borné et aimant la boisson, ou encore les pages esquissant les trois générations féminines des Bricolin.

L’été pluvieux de 1845, avec ses digues et ses chaussées détruites, ses inondations, ses rivières débordées, les vignes, les potagers et les parterres dévastés, envahis par le sable et le limon ; les visites que Mme Sand avec sa fille faisaient aux typhiques, dans les cabanes, et l’aide qu’elles leur apportaient ; les excursions aux bords de la Creuse, à Fresselines, à Gargilesse, à l’abbaye de Fontgombault, aux pittoresques ruines de la forteresse de Crozan ; les parties et les déjeuners sur l’herbe ; les rencontres fortuites avec quelque paysanne originale, dans le genre de la vieille Jenny, gardeuse des ruines de Châteaubrun, ou avec quelque vagabond, comme Jean Jappeloup ; un bon et brave hobereau, très honnête d’opi-