Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T4.djvu/108

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Nous arrêterons là la citation de cette lettre, renvoyant le lecteur au tome III de la Correspondance. Nous nous bornons à reproduire l’avis de M. Monin sur cette lettre qui constate que « l’histoire a peu de chose à rectifier au récit de cette journée fait par George Sand ».

Quelques jours plus tard, le 19 avril, Mme Sand revient à la charge et parle à son fils d’un ton plus ironique de ce que tout Paris est effrayé, tous ont peur de tous, et s’attendent à quelque chose d’horrible, comme en l’année de la peur (1793). Puis elle dit encore qu’ « il ne tiendrait qu’à elle de se poser aussi en victime », à cause du « déchaînement de fureur » contre le malheureux Bulletin n° 16, qu’elle était pourtant « fort tranquille toute seule dans la cambuse » de Maurice, mais « il ne tiendrait qu’à elle d’écrire demain dans tous les journaux, comme Cabet ou comme défunt Marat, qu’elle n’avait plus une pierre pour reposer sa tête ».

Mais à la fin de cette lettre elle ajoute sérieusement déjà que sa Revue ne prend guère, tout le monde étant trop préoccupé et vivant au jour le jour, puis elle semble faire un dernier effort pour rester… ou paraître optimiste :

Demain, le gouvernement publie les grandes mesures qu’il a prises hier sur l’impôt progressif, la loi des finances, l’héritage collatéral, etc. Ce sera sans doute la fin de cette panique et d’une bêtise générale sortira un bien général. J’espère aussi que ce sera la fin de la crise financière. Ainsi soit-il ! Ce sera un premier acte de joué dans la grande pièce dont personne ne sait le dénouement

Dans sa lettre du 21 avril George Sand prêche la nécessité pour tous de s’habituer à une espèce d’état de guerre permanent.

… Ne te laisse pas émouvoir par les récriminations et les menaces. Tout homme qui agit révolutionnairement en ce moment-ci, qu’il

    un comité permanent composé des hommes les plus avancés de la démocratie. aân de rentrer par leur influence et par leurs conseils, malgré l’Assemblée et sans elle, dans les voies de la révolution sociale.
    Enfin, dans le même temps, il se tenait au ministère de l’Intérieur des conciliabules où MM. Portalis. Landrin, Jules Favre, Étienne Arago, Mme Sand agitaient la question de savoir si l’on se débarrasserait de l’Assemblée le jour même de son ouverture ; trop souvent cette question absurde se tranchait d’une manière affirmative… »