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Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T4.djvu/116

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ou quelques jours avant le 6 mai, car la lettre de Mérimée à la comtesse de Montijo, mère de la future Impératrice, où il décrivait ce même dîner, était datée du 6 mai 1848. Donc ce dîner devait avoir lieu le surlendemain de l’ouverture de l’Assemblée et le lendemain du jour où George Sand disait, dans sa Lettre au citoyen Lamennais, qu’il ne fallait pas pousser la minorité au désespoir parce qu’elle deviendrait « redoutable » et forcerait la majorité à devenir « impitoyable ».

M. Monin dit en toute justesse que les pages où M, de Tocqueville nous conte son entrevue avec Mme Sand sont placées après le récit de l’élection du 5 juin[1], elles précèdent immédiatement le récit des journées de Juin, mais qu’il fallait « considérer le mode de composition des souvenirs, leur caractère à la fois philosophique et anecdotique », ce qui ne permettrait, selon M. Monin, d’en tirer « qu’une conclusion » : « que le dîner en question a eu lieu après le 15 mai, dont George Sand tirait en quelque sorte la morale politique à l’usage de tous les partis ». M. Monin vient à conclure que « malgré la lettre de Mérimée qui lui assignerait la date du 6 mai, d’après l’écrit de M. Filon (Mérimée et ses amis, p. 194-195), le 6 juin lui paraissait plus probable ».

Quant à la remarque que c’est de l’événement du 15 mai que Mme Sand avait tiré une espèce de « morale politique à l’usage de tous les partis », nous avons vu qu’elle l’avait tirée dès le 16 avril et que, dans la Question sociale et dans sa Lettre à Lamennais, publiées les 4 et 5 mai, George Sand prêchait déjà cette morale, en avertissant la majorité qu’il ne fallait pas exaspérer la minorité, ni pousser à bout les masses, parce que le peuple avait encore confiance en l’Assemblée. C’est justement ce qu’elle dit à Tocqueville. Enfin, des pages 194 et 195 du livre de M. Filon (que nous avons aussi citées en leur lieu dans notre premier volume, en parlant de l’épisode Sand-Mérimée), on ne peut nullement tirer la conclusion que le dîner avait eu lieu le 6 juin ; bien au contraire, après la lettre de Mérimée du 6 mai,

  1. Celle de l’Assemblée constituante.