Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T4.djvu/122

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Voilà pourtant tout le dogme dont la France éclairée et tout ce qui est éclairé dans l’univers se contente depuis longtemps. Pourquoi ne s’en contenterait-on pas toujours ?… Il est simple et court…

Oh ! pour court, il l’est ! Quant au culte, Mme Sand croit que l’institution des Fêtes populaires symboliques, fêtes où trouveraient leur expression les sentiments d’égalité, de fraternité et d’amour, conviendrait à l’état actuel des âmes. En somme, quelque chose de mixte entre la fête de la Fraternité du 20 avril et le Culte de la Raison de Robespierre ; or, on sait combien la fête de la Concorde, organisée le 21 mai, fut une chose avortée !

Sur ces entrefaites éclata la tempête du 15 mai. La tentative des ultra-révolutionnaires, Barbes et autres, de profiter d’une démonstration en faveur de la Pologne, pour renverser l’Assemblée nationale, pas assez démocratique, leur marche sur l’Hôtel de Ville, l’envahissement par les factieux de la salle des séances, se terminèrent par la défaite des démocrates, et ce fut le signal d’un revirement général et décisif vers la réaction. Lamartine, Marrast et les autres modérés crurent la république sauvée : elle s’acheminait à grands pas vers l’empire.

Considérant la cause de la république sociale perdue et estimant que sa présence à Paris n’était plus d’aucune utilité, ayant été prévenue qu’elle était menacée d’une descente domiciliaire, d’une arrestation et peut-être de quelque chose de pire, George Sand s’empressa de brûler tous ses papiers, son journal intime, passa un jour sans sortir de la maison[1], puis partit pour Nohant.

On a fait de nombreuses recherches sur la date exacte à laquelle George Sand quitta Paris. D’aucuns prétendent qu’elle est simplement restée à Paris entre le 15 mai et les journées de Juin, se tenant prudemment cachée ; d’autres qu’elle a fui après ces journées ; d’autres encore qu’elle a, en toute hâte, quitté Paris après le 15, mais ne se voyant pas en sûreté à Nohant non plus, serait partie pour Bourges ou Orléans. Il est vrai que les articles imprimés de George Sand, entre le 13 mai et le 7 juin, ne

  1. Elle avait déjà quitté la rue de Condé et demeurait rue d’Ancin, n° 14.