Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T4.djvu/129

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

clara ne pas l’avoir vu. Il se trouva que le tour d’examiner le Bulletin revenait à Elias Regnault, mais il venait de perdre sa mère et n’avait pu songer au Bulletin ; le Bulletin fut envoyé à l’imprimeur sans être revu par personne. Jules Favre prétendit encore qu’il s’était « empressé » de courir à la poste pour « arrêter » l’envoi du Bulletin en province, mais qu’il était arrivé trop tard ; le Bulletin, hélas ! était expédié et avait paru. C’est alors que George Sand déclara résolument être l’auteur du Bulletin. Avant tout, elle écrivit à Ledru-Rollin.

La lettre de George Sand prouve qu’elle savait le propos qu’il avait tenu. Elle lui répondit très finement et très spirituellement, réclamant courageusement la responsabilité de ses actes, montrant une fois de plus qu’elle était un parfait honnête homme et savait rendre le bien pour le mal.

En annonçant à Ledru-Rollin, ce que probablement il ne savait pas, qu’elle rédigeait dans la Vraie République, journal « où on le traitait collectivement de Roi, de Consul, de Dictateur », elle le priait de lire ses articles dans ce journal ; n’étant pas solidaire de la rédaction, elle n’acceptait aucune responsabilité des attaques contre les personnes : elle signait tout ce qu’elle écrivait ; elle trouvait donc sa position bien fausse dans ce journal, mais après le 15 mai « il y aurait eu lâcheté de se retirer ». Eh bien, elle adressait quand même une prière à Rollin :

… Je vous demande une chose, c’est de nie faire signe quand vous consentirez à ce que je vous dise dans ce même journal, qui vous attaque, et où je garderai toujours le droit d’émettre mon avis sous ma responsabilité personnelle, ce que je sais et ce que je pense de votre caractère, de votre sentiment politique et de votre ligue révolutionnée. Si vous n’avez pas le temps d’y songer, je ne vous en voudrai point et je ne me croirai pas indispensable à votre justification auprès de quelques personnes dont le jugement ne vous est pas indispensable non plus. Mais, pour l’acquit de ma conscience, de mon affection, je me dois (au risque de faire l’importante[1] de vous dire cela ; vous le comprendrez comme je vous le donne, de bonne foi et de bon cœur.

On me dit ici que j’ai été compromise dans l’affaire du 15 mai. Cela est tout à fait impossible, vous le savez. On me dit aussi que la

  1. C’est nous qui soulignons.