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CHAPITRE IX

GEORGE SAND ET NAPOLÉON III


Le prisonnier de Ham. — Lettre sur l’élection de Louis-Napoléon à la présidence de la République. — Le coup d’État de 1851. — Les démarches de George Sand pour les victimes. — Les relations de George Sand avec les malheureux et leurs familles. — Les républicains intransigeants. — L’impératrice Eugénie et Napoléon III jugés par George Sand. — Le prince Napoléon. — Mme Arnould-Plessy. — Malgrétout. — Impressions et Souvenirs et article sur l’Histoire de Jules César. — Une lettre vaudevillesque. — La consolatrice des malheureux.


Croyez que le plus beau titre que vous puissiez me donner est le titre d’ami, car il indique une intimité que je serai fier de voir régner entre nous…

Que les hommes soient injustes à mon égard, impitoyables même malgré ma position, il n’y a rien là qui m’étonne. Mais vous, madame, qui avez les qualités de l’homme sans en avoir les défauts, vous ne pouvez pas être injuste à mon égard…

Je tiens beaucoup à l’estime des hommes, mais je tiens particulièrement à la vôtre. Je veux enfin ne pas perdre la petite part de sympathie que vous m’avez donnée. J’y tiens, comme le prêtre tient à la lampe qui brûle devant l’autel, comme on tient à un talisman qui porte bonheur…

Ce n’est pas un poète amoureux, ni un ami républicain, ni quelque adorateur berrichon de George Sand qui lui écrit ainsi. C’est ce jeune prisonnier du fort de Ham, qui, quoi qu’on en ait dit, ne songeait pas exclusivement à sa gloire et à son pouvoir personnel, mais très certainement rêvait aussi au triomphe en France d’un pouvoir soucieux du bonheur de la majorité. Ce n’était pas ce mesquin et piètre vaniteux que nous peignent des pamphlets, tels que Napoléon le Petit ou l’Histoire d’un crime, c’est non seulement un personnage mal deviné et mal défini