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la Révolution, et par nos dissensions entre frères nous risquons de tuer notre mère commune.

Adieu, mon cher monsieur Degeorges, recevez de nouveau l’assurance de ma sincère amitié.

N. L.

George Sand fit ce que le prince désirait et le remercia dans une lettre datée du 26 novembre 18-44, et depuis lors maintes fois réimprimée, mais peu connue toutefois du public, d’autant plus qu’elle fut la plupart du temps insérée dans les éditions soit spéciales, soit oubliées, et que dans la Correspondance elle est tronquée et corrigée[1].

Nous mettons entre crochets les phrases omises et nous indiquons en notes les mots changés.


Prince,

Je dois vous remercier des souvenirs flatteurs dont vous m’avez honorée[2] en m’adressant, [avec un mot de votre main qui m’est précieux] le [noble et] remarquable travail sur l’extinction du paupérisme. C’est de grand cœur que je vous exprime l’intérêt sérieux avec lequel j’ai étudié votre projet. [J’ai été surtout frappée de la juste appréciation de nos malheurs et du généreux désir d’en chercher le remède. Quant à bien apprécier les moyens de réalisation] je ne suis pas de force à le faire[3], et d’ailleurs ce sont là des controverses dont, je suis sûre, vous feriez au besoin bon marché. En fait d’application, il faut peut-être avoir la main à l’œuvre pour s’assurer qu’on ne s’est pas trompé, et le rôle[4] d’une vaste intelligence[5] est de perfectionner ses plans en les exécutant. [Mais l’exécution. Prince, à quelle main l’avenir la confiera-t-il[6] ? Il y a peut-être inconvenance et

  1. Cette lettre parut d’abord sous le titre de M. Louis-Napoléon jugé par George Sand en 1844 dans YAlmanach populaire de la France pour 1849, (16e année, Pagnerre), que nous avons retrouvé à la Bibliothèque Carnavalet. Puis elle fut réimprimée dans deux brochures répandues par la propagande bonapartiste, un peu avant les élections du 10 décembre 1848, et George Sand protesta dans le journal de Proud’hon, le Peuple, numéro du 6 décembre 1848, contre cet emploi pratique de son épître purement abstraite. Enfin, elle parut dans la Correspondance de George Sand, vol. II, p. 328, mais tronquée, changée, avec omission du dernier passage et à la fausse date de « décembre » 1844.
  2. Du souvenir flatteur que vous avez bien voulu me consacrer.
  3. À en apprécier la réalisation.
  4. Le fait.
  5. Noble.
  6. Dans quelles mains l’avenir la mettra-t-il ?