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Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T4.djvu/20

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les écrits équivoques d’Eugène de Mirecourt dont nous avons maintes fois cité les lignes indignes sous tous les rapports.)

Et M. Monin remarque que le plus sûr est encore de baser sa narration sur les lettres de George Sand imprimées dans la Correspondance et sur ses articles, pour lui donner la parole à elle-même. Toutes ses remarques sont parfaitement justes, sa méthode est celle d’un véritable historien, et nous devons dire que tout ce qu’il a été possible de faire d’après les documents imprimés, M. Monin l’a fait. Mais comme il ne pouvait pas consulter la correspondance inédite de George Sand, ainsi que d’autres documents non publiés, des journaux intimes, etc., tout en rendant pleine justice à cette étude sérieuse et consciencieuse et en la suivant parfois de près, nous arrivons à des conclusions très différentes ; à propos d’autres faits, nous serons en état de répondre aux questions qu’il pose, nous raconterons des choses tout à fait ignorées jusqu’à présent et enfin nous fixerons quelques dates précises.

Ayant ainsi tracé brièvement la ligne générale des événements de 1848 d’une part, et les exigences morales de George Sand envers la révolution et la République, de l’autre, nous allons maintenant raconter quel fut son rôle dans les événements de 1848 et analyser ses écrits politiques.

Pour cela, revenons un peu en arrière.

Dès son séjour à Paris au carnaval de 1847, lorsque Mme Dudevant et sa fille y étaient occupées du trousseau de Solange, en vue de son mariage projeté, puis rompu avec Fernand de Préaulx, George Sand fit la connaissance de Giuseppe Mazzini. Ils se virent assez souvent et il promit même de venir à Nohant. En ce même printemps, Mazzini, revenu à Londres, écrivit un petit article sur George Sand pour servir de préface à la traduction anglaise de la Mare au Diable et de quelques autres œuvres de la grande romancière, entreprise par des amies de Mazzini, Mmes Ashurst et Hays[1]. Mazzini envoya son article à George Sand ainsi que celui d’une certaine miss Jewsbury, paru dans

  1. L’orthographe de ce nom nous paraît douteuse, nous lisons ailleurs dans les lettres de George Sand miss Hawkes.