le People’s Journal. Le grand patriote italien y parlait de George Sand avec une vive sympathie et une chaude amitié, l’appelait sa sœur et son amie, et cela la toucha, comme elle le lui avoua, plus que toutes les louanges venant d’hommes éminents. Elle crut deviner en Mazzini une « âme parente » de la sienne par son entière sincérité, et lorsqu’elle lui répondit le 22 mai 1847, au lendemain du mariage de Solange avec Clésinger, elle lui donnait dans sa lettre ces mêmes titres d’ami et de frère, lui racontait toutes ses affaires de famille, comme au plus grand ami de la maison[1] et lui rappelait sa promesse de venir la voir à la campagne, où, selon son dire, elle était plus elle-même qu’à Paris, où elle était toujours malade au moral et au physique.
En réponse à cette lettre, Mazzini renouvela sa promesse, puis envoya à Mme Sand, au nom de ses traductrices, leur travail, ainsi qu’une brochure de sa façon, comme en témoigne une autre lettre de George Sand à Mazzini, imprimée dans le volume II de sa Correspondance et datée du 28 juillet 1847. Elle lui dit, entre autres :
Cette année 1847, la plus agitée et la plus douloureuse peut-être de ma vie sous bien des rapports, m’apportera-t-elle au moins la consolation de vous voir et de vous connaître ? Je n’ose y croire, tant le guignon m’a poursuivie ; et pourtant vous le promettez, et nous approchons du terme assigné…
Elle lui ajoute que le chemin de fer arrivera bientôt à Châteauroux, ce qui rendra le trajet de Paris à Nohant rapide et facile. Puis elle continue :
Que votre lettre est bonne et votre cœur tendre et vrai ! Je suis certaine que vous me ferez un grand bien et que vous remonterez mon courage, qui a subi, depuis quelque temps, bien des atteintes dans des faits personnels…
(Viennent des plaintes très claires pour nous, quoique voilées et vagues, sur tout ce qu’elle eut à supporter de la part de Solange, de Clésinger et de Chopin, sur la corruption et l’impu-
- ↑ Nous avons déjà cité cette lettre dans le tome II de notre ouvrage (chap. xi), et dans le chapitre vi du volume III.