Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T4.djvu/204

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sentiment de gratitude sincère, sans lequel il me semble que je serais déloyale. J’ai donc écrit plusieurs noms, et je compte sur l’effet des promesses ; mais mon but eût été d’obtenir pleine amnistie pour tous les détenus et prévenus du département de l’Indre ; c’est d’autant plus facile qu’il n’y a eu aucun fait d’insurrection, que toutes les arrestations sont préventives et qu’aucune condamnation n’a encore été prononcée. Il ne s’agit donc que d’ouvrir les prisons, conformément à la circulaire ministérielle, à tous ceux qui sont peu compromis, et de faire rendre un arrêt de non-lieu, ou suspendre toute poursuite contre ceux qui sont un peu plus soupçonnés. Un mot du ministre au préfet en déciderait.

Les tribunaux, s’ils sont saisis de ces affaires que j’ignore, sont d’aveugles esclaves,

M. de Persigny ne pouvait guère me promettre cela à moi ; mais vous pourriez le demander avec insistance, et vous l’obtiendriez certainement

Je n’ai pas besoin de vous dire que mon cœur en sera pénétré de reconnaissance et d’affection. C’est le vôtre qui plaidera en vous-même beaucoup mieux que moi.

Vous avez dit chez moi que vous partiez pour la campagne ; j’espère que ma lettre vous y parviendra et que vous écrirez au ministre ; vous le verrez aussi, à votre retour, n’est-ce pas, prince.^ et j’apprendrai aux habitants de mon Berry qu’il faut vous aimer, comme je vous aime moi, avec un cœur qui a l’âge maternel, c’est-à-dire celui des meilleures affections.

George Sand.

La lettre au prince Jérôme, insérée dans la Correspondance à la page 260, est inexactement datée du 3 janvier, comme si elle avait été écrite un mois avant celle-ci[1], Or, Solange Clésinger, très liée alors avec le comte d’Orsay, avait prévenu le prince Jérôme — ami du comte d’Orsay, — que sa mère serait heureuse de faire sa connaissance. « Le 28 janvier le prince en remercie Mme Sand, il vint lui faire une visite le 2 février et le 3 février il déjeuna chez elle. » C’est de cette visite du 2 février que George Sand parle en disant : « Vous êtes venu aujourd’hui » et en le priant de revenir encore une fois chez « la pauvre vieille

  1. C’est aussi une erreur que la date du 14 janvier en tête d’une lettre publiée dans la Revue des Deux Mondes lors de l’impression de la Correspondance de George Sand avec le prince Jérôme.