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Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T4.djvu/209

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cœur inlassable réclamait les audiences et craignait peu d’ « importuner ». Elle demandait la grâce des condamnés à mort, l’exil volontaire à l’étranger pour les condamnés à la déportation, l’exil temporaire pour les exilés à perpétuité, l’internement en Afrique pour les détenus dans les casemates des forts, la libération pour les prisonniers de Châteauroux et de La Châtre. Elle sauvait les malades — de la mort dans les prisons, les familles ayant perdu leurs chefs — de la misère et de la famine ; elle réconfortait, elle consolait, elle soutenait le courage des détenus, des exilés ; elle leur envoyait de l’argent, des livres, des lettres, des nouvelles rassurantes, des brouillons de demandes et de « déclarations » au gouvernement par lesquelles les prisonniers promettaient de ne plus prendre part à des actions « antigouvernementales », et George Sand savait rédiger ces déclarations de manière à sauvegarder la dignité et les opinions de ceux qui les signaient, faisant des démarches non seulement pour les opprimés qui les lui demandaient et qu’elle connaissait personnellement, mais encore pour des inconnus qui ne se doutaient même pas qu’ils eussent une si puissante, une si courageuse, une si généreuse protectrice ! Bien souvent ils ne l’apprenaient que lorsque les démarches aboutissaient à un bon résultat, inattendu pour eux. Et avec quel attendrissement, avec quel étonnement ils la remerciaient alors !

C’est ce qui arriva à la famille de Marc Dufraisse, à celle d’Alexandre Lambert. Sans attendre une demande, ne sachant même pas si l’on allait profiter de son aide, George Sand intercéda, avant tout, pour Alphonse Fleury qui dut se cacher après le 2 décembre, puis fuir en Belgique et qui, par fierté républicaine, refusait de demander grâce et défendait à George Sand de le nommer. Mais elle parvint quand même à se faire délivrer pour lui un passeport étranger et l’aida à se rendre à Bruxelles en le munissant d’une somme nécessaire ; c’est pour cela qu’elb avait emprunté raille francs au beau-père de Duvernet, comme nous l’avons vu.

Voici à ce propos la lettre autographe de M. de Montaud, retrouvée dans les papiers de Mme Sand ; d’autres lettres du même