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Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T4.djvu/208

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force à lutter contre la clique d’intrigants et d’arrivistes qui l’entourait.

George Sand resta à Paris du 22 janvier jusqu’aux premiers jours d’avril et pendant tout ce temps elle ne cessa de faire démarches sur démarches, des courses, des visites, de demander des audiences soit à Napoléon, soit à M. de Persigny, au ministre de la Justice, au ministre de la Police ; de voir MM. Cavet, Théophile de Montaud, le chef du cabinet du ministre de la Police, Thiéblin, le chef du cabinet du ministre de la Justice, Abbatucci[1], l’ex-préfet de police, Carlier, le secrétaire du ministre de la Police, Fortoul, le général Roguet, le général Baraguay, le vicomte Clary et le frère de Pietri, le ministre, — J. Pietri, préfet du Cher[2]. Elle suppliait, elle implorait. Elle agissait aussi par l’intermédiaire du prince Jérôme, du comte d’Orsay, de M. N.-H. Vieillard, du docteur Conneau, et elle ne s’accordait pas un moment de repos tant qu’elle n’avait pas arraché ce qu’elle demandait.

Je n’ai pas fait autre chose que de courir de Carlier à Pietri et du secrétaire du ministre de l’Intérieur à M. Baraguay…

écrit-elle, et ces mots non seulement ne nous semblent pas une hyperbole, mais bien au contraire ils paraissent faibles, si l’on apprécie à sa juste valeur tout ce que George Sand accomplit en ces trois mois, ou si l’on parcourt seulement les tas de lettres que nous avons devant nous et qui témoignent avec quelle ardeur elle s’était mise à ce service de sauvetage, avec quelle confiance connus et inconnus s’adressaient à elle de tous les points du Berry et de la France, avec quelle persévérance son

  1. Jacques-Pierre-Charles Abbatucci, né en Corse en 1791, mort en 1867, fut d’abord député, puis président de la Chambre de la cour d’Orléans, puis remplit différentes autres fonctions dans la magistrature, fut ensuite membre de l’Assemblée Constituante (du Loiret) et enfin sénateur et ministre de la Justice. Il reçut ce portefeuille en 1862.
  2. Pierre-Marie Pietri, né aussi en Corse, en 1810, mort à Paris en 1854, d*abord républicain ardent, devint plus tard bonapartiste non moins dévoué, succéda à Carlier dans la préfecture de police, puis fut nommé ministre de la Police et sénateur.