Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T4.djvu/233

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2° qu’on lui fixait pour séjour la Corse avec permission de choisir son lieu de résidence. Le père Desages ajoutait à cela qu’il ne devait cet adoucissement du châtiment de son fils qu’aux « nombreuses démarches de Mme Sand auprès du président » et que ni lui, ni la mère de Luc ne l’oublieraient jamais[1].

Les démarches de Mme Sand pour Patureau ne semblent pas avoir été immédiatement couronnées du même succès malgré la bonne volonté des personnes (entre autres Charles Abbatucci)[2] auxquelles elle s’était adressée, après avoir plaidé la cause de Desages :

C’est probablement à Patureau que se rapporte la lettre de Napoléon que voici, sans date, écrite sur un papier à son chiffre, avec couronne. La lettre, écrite par un autre, est seulement signée de la main de Napoléon.

Madame,

Dès que j’ai reçu votre lettre je me suis empressé de prendre des renseignements les plus précis sur la personne que vous me recommandiez et j’aurais été heureux de pouvoir faire quelque chose qui vous fût agréable. Malheureusement les rapports de l’administration, de la magistrature et de la gendarmerie s’accordent tous sur la nécessité d’interner votre protégé en Afrique. Personne plus que moi ne regrette les rigueurs auxquelles je suis forcé, mais mon but unique, étant de pacifier le pays, de manière à ce qu’il soit capable de supporter une véritable et saine hberté, je dois me montrer sévère envers ceux qui entretiennent toujours dans les masses des idées subversives et des projets d’insurrection.

Recevez, madame, avec l’expression de mes regrets, l’assurance de mes sentiments distingués.

Signé : Napoléon.
Mme George Sand.

Mais s’il arrivait parfois que Mme Sand ne parvenait pas à assurer le succès de ses demandes, ou si elle ne parvenait pas à arracher une libération, un élargissement complet, elle mettait en œuvre toutes ses relations afin d’adoucir au moins le sort des

  1. Cette lettre existe toujours.
  2. Lettre inédite de Ch. Abbatucci — alors garde des sceaux — du 13 avril 1852.