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Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T4.djvu/236

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l’appelle « la sainte du Berry », et Marc Dufraisse lui écrit de Bruxelles en la nommant « Notre-Dame du Bon-Secours ». Mme Lumet la remercie pour tout ce qu’elle avait « bien voulu faire pour eux, et pour l’humanité, quoique ses démarches n’aient pas abouti » à un élargissement complet, et elle ajoute : « Je ne maudirai jamais mes souffrances, puisqu’elles me procurèrent l’occasion de vous connaître. »

Votre dévouement, mon cher George, — lui écrit à la date du 21 mai Gabriel de Planet qui l’aidait en ce moment à faire une souscription en faveur des exilés, — votre dévouement est sans bornes pour les amis et les malheureux. Que d’autres admirent votre génie, quant à moi je m’agenouille avant tout devant votre grand cœur…

Abel Dufraisse lui écrit de Ribeyrac le 23 novembre 1852 :

… Nous avons ignoré longtemps à quels personnages et à quelles influences était due la commutation de la peine de déportation décrétée par Louis-Napoléon Bonaparte contre Marc, mon frère, en celle de bannissement.

Et il dit que cette ignorance leur avait été très pénible. Aujourd’hui seulement les siens ont appris que « cela était dû à sa bienveillance et à sa puissante intervention ». En la remerciant au nom de toute sa famille qui est heureuse d’être obligée « envers une personne pour laquelle nous avons une grande admiration et une profonde sympathie qui date de loin », et en lui disant que lui et les siens n’avaient « point été étonnés des démarches qu’elle avait faites de son propre mouvement en faveur de leur frère », il termine sa lettre par ces mots :

Ah ! bonne et chère dame, joignez, je vous en supplie vos instances, vos sollicitations à nos prières, peut-être arriveront-elles jusqu’à Dieu si elles ne peuvent faire fléchir les rigueurs du pouvoir. La voix d’une femme est si éloquente, si puissante. Marie priera pour le malheureux exilé, vous, vous voudrez bien intercéder en sa faveur auprès de Bonaparte. Nous bénirons votre nom ; et vos bontés, votre dévouement méconnus sur la terre seront récompensés dans le ciel. Recevez, excellente patronesse (sic) des martyrs, consolatrice des affligés, l’assurance de ma haute considération et de mon profond respect…

Marc Dufraisse lui-même écrivit à Mme Sand la lettre suivante fort curieuse et fort caractéristique, sous maint rapport, et que