Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T4.djvu/250

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avant le 15 janvier, car trois de ses amis pour lesquels elle intercéda auprès de Persigny étaient déjà poursuivis et arrêtés, et beaucoup d’autres de même.

5° Comme nous l’avons vu, entre le 22 janvier et le 27 juin George Sand s’était adressée à M. de Persigny non seulement le 31 janvier et le 3 février, mais plusieurs fois, tant par lettre que de vive voix.

Enfin, depuis le 22 janvier et jusqu’au 21 juin beaucoup de ses demandes furent exaucées. Donc, elle aurait pu, dans sa protestation, parler non seulement d’une « espérance » qui lui restait, mais bien des résultats très réels et palpables de ses démarches. Dans le Journal de la Cour il n’y avait d’erroné que la date du 3 janvier, mise au lieu du 3 février, — et puis encore Alexandre Lambert y est nommé « Alph. Lambert », mais cela avait bien pu être une simple erreur du prote ou du copiste. Somme toute, George Sand aurait bien pu ne pas réclamer contre l’impression de cette lettre, et il nous semble même qu’elle fit, en protestant, preuve d’une certaine faiblesse. Elle craignit que sa défense de ses amis fût mal interprétée par leurs ennemis politiques, les républicains intransigeants, estimant de pareilles démarches humiliantes. Alors elle préféra s’en prendre aux mots et même nier la durée de ses rapports avec Napoléon et son ministre.

Elle rachète cette faiblesse en racontant sincèrement et honnêtement à ses amis les procédés courtois de Napoléon et de M. de Persigny et en insérant dans l’Histoire de ma vie quelques lignes établissant que dès 1835 elle avait apprécié l’esprit et les capacités extraordinaires du jeune Fialin de Persigny, et en ajoutant cette réflexion : « Je n’avais pas trop mal deviné[1]. »

Il est certain cependant que plusieurs républicains blâmèrent les démarches de George Sand. Non seulement ils n’approuvèrent pas ses généreux efforts, mais ils les condamnèrent de vive voix et par écrit, et contribuèrent à répandre dans la presse étrangère des récits très calomnieux et humiliants sur son compte.

  1. Histoire de ma vie, t. IV, p. 313-315.