Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T4.djvu/273

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son enfance[1], nous ne pouvons nous abstenir de faire connaître au lecteur — s’il ne le connaît déjà par une allusion du Journal des Goncourt — un fait du plus parfait comique. Lorsqu’en l’année terrible on brûla et pilla les Tuileries, on trouva dans le cabinet de travail de Napoléon III l’extraordinaire épître qui suit :

Grande chancellerie. Cabinet de l’Empereur. 29 MAI 1869 21 MAI 1869

Le baron Casimir Dudevant, ancien officier du premier Empire, à Sa Majesté F Empereur des Français.
Sire,

Après avoir déposé aux pieds de Votre Majesté l’hommage de mon dévouement et de ma respectueuse fidélité, j’ai l’honneur de vous exposer ce qui suit :

Je suis fils de M. François Dudevant, colonel sous le premier Empire, créé baron par Napoléon Ier, membre du Corps législatif, chevalier de Saint-Louis et de l’ordre impérial de la Légion d’honneur.

Sorti officier de l’école de Saint-Cyr en 1815, au retour de l’île d’Elbe j’ai eu l’honneur de faire partie de l’armée de la Loire. Depuis rentré dans la vie privée, j’ai rempli pendant quarante ans les fonctions de maire soit à Nohant (Indre), soit à Pompiey (Lot-et-Garonne). Il y a quelques années, j’ai été honoré de la médaille de Sainte-Hélène.

Pendant cette période de quarante années passées à l’administration de deux communes, j’ai servi avec dévouement et honneur les différents pouvoirs qui ont régi la France ; mais par les souvenirs et les inclinations naturelles, je suis demeuré invariablement attaché à la dynastie impériale, et n’ai cessé d’appeler son retour de tous mes vœux.

Sire, jusqu’à présent je n’ai rien sollicité pour les services que je peux avoir rendus à mon pays ; mais au moment où Votre Majesté annonce qu’Elle veut célébrer dignement le jubilé national du centenaire du glorieux fondateur de votre dynastie, en répandant un peu de bien-être sur les vieux compagnons d’armes de l’Empereur, au moment où la France convoquée dans ses comices, va ratifier, en 1869, ce qu’elle a fait en 1851 par une manifestation si éclatante et à laquelle je suis fier d’avoir pris part, j’ai pensé que l’heure était venue de m’adresser au cœur de Votre Majesté pour en obtenir la récompense honorifique que je crois avoir méritée.

  1. Voir George Sand, sa vie et ses œuvres, t. I, p. 97-99