Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T4.djvu/272

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« un espion invisible » qui se cachait ou ne sait trop où, dans cette même cour. C’était à Charles Edmond que George Sand avait adressé la bienvenue, justement afin de ne pas parler d’abord au prince qui tenait à garder son incognito[1].

Nous voyons par une lettre de Mme Arnould-Plessy à George Sand que le prince fut taquiné à Compiègne à propos de ce voyage à Nohant, mais qu’à ce même moment arriva une lettre de George Sand à l’impératrice[2], cette dernière se mit à s’enthousiasmer sur le compte de la grande romancière et comprit parfaitement l’engouement de son cousin.

Après cette première visite, le prince Jérôme vint à Nohant plusieurs fois encore. C’est ainsi qu’il s’y rendit en 1868, le jour du baptême protestant des petites-filles de George Sand, il fut même le parrain d’Aurore ; il y assista aussi à des représentations des célèbres marionnettes ; il joua au jeu de l’oie et aux dominos dans le grand salon de Nohant ; il vint enfin, prévenu par un télégramme de Maurice Sand, le 10 juin 1876 pour assister aux funérailles de sa vieille amie. Le prince avait été lié tout autant, ai ce ne fut plus encore, avec Maurice Sand qui devint l’hôte familier de sa maison, et fut son compagnon de voyage en 1861, à bord du Jérôme-Napoléon, voyage décrit par Maurice Sand dans son livre Six mille lieues à toute vapeur dont George Sand écrivit la préface.

Dans la correspondance de Mme Sand, ses lettres au prince Jérôme sont des plus intéressantes ; elles touchent aux questions sociales, politiques, littéraires et personnelles les plus diverses et nous montrent que leur auteur oubliait parfaitement qu’elle avait affaire à un cousin de l’empereur ; elle le traitait avec la même simplicité, avec la même franchise attrayante, la même sincérité que les jeunes amis qui l’entouraient dans ses vieux jours.

En terminant cette histoire des relations de George Sand avec les descendants de celui dont l’éclat avait projeté ses rayons sur

  1. Lettres inédites de Georçe Sand à Charles Edmond et à Charles Duvernet du 8 septembre 1857.
  2. Voir plus haut p. 239.