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Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T4.djvu/285

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des costumes inventés et même commandés d’avance. Et bientôt les spectacles à Nohant prirent tant d’éclat que les acteurs s’enhardirent à jouer en public ; d’abord devant leurs amis de La Châtre ou des châteaux voisins (Papet du château d’Ars ou les Duvernet du Coudray), puis devant un public moins connu, habitants des alentours, et finalement Maurice et consorts eurent l’audace de jouer devant des amis, des connaissances et des acteurs venus de Paris, par exemple devant Bocage. D’autre part plusieurs actrices et acteurs, avec lesquels Mme Sand se lia d’amitié, prirent part à ces représentations. Grâce à ces séjours à Nohant beaucoup d’artistes parisiens devinrent des familiers et de vrais amis des Sand, mère et fils. Sans parler de Bocage et de Mme Sylvanie Arnould-Plessy, ceci se rapporte surtout à Sully-Lévy, Marie Lambert, Mlle Bérangère et M. et Mme Albert Bignon qui, tous, entre 1852 et 1860, furent souvent les hôtes de Nohant soit aux vacances d’automne, soit en été et même en hiver. Plus tard ce fut le tour de Thiron et de Clerh. Et cela dura presque jusqu’aux dernières années de Mme Sand. Tel fut le commencement de ce « Théâtre de Nohant », qui devint non seulement le passe-temps favori des habitants de Nohant, mais qui joua aussi un rôle très important dans la vie privée de Mme Sand et dans l’histoire de ses créations.

Ces représentations inspirèrent à George Sand le désir de tenter un nouvel essai théâtral. Nous avons vu qu’au milieu de la tourmente révolutionnaire elle avait écrit pour le « Théâtre du Peuple » son prologue le Roi attend, qui nous intéresse surtout comme la première des pièces de Mme Sand où elle mit en scène Molière. (Nous verrons à l’instant qu’il y en eut plusieurs.) L’année suivante, Mme Sand abandonna la politique pour revenir à l’art vrai, elle écrivit François le Champi, pièce tirée du roman de ce nom et représentée à l’Odéon en automne 1849. Cette comédie remporta un très grand et légitime succès[1],

  1. Pour remercier George Sand de ce succès moral et matériel remporté par son théâtre, Bocage commanda au peintre Adolphe Leleux et fit cadeau à Mme Sand d’un tableau représentant la scène du Champi, où Jacques Bonnin demande la main de Mariette, la coquette nièce de Madeleine Blanchet. (V. l’article de M. Clément de Ris dans l’Événement du 29 avril 1850.)