Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T4.djvu/293

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tion d’être un écrivain socialiste, la police a usé avec une sollicitude particulière de son droit de censure. Entre autres on a supprimé les passages suivants que Ton a trouvés éminemment menaçants p ourla religion, la famille, la société et la propriété. « Justice se fera, Dieu l’a promis et il tiendra sa promesse ; » « la gerbe de blé est l’oreiller du peuple », Ce ne serait que ridicule si ces chicanes policières dénotaient non pas seulement l’esprit policier de M. Carlier, mais encore les dispositions de la moitié de l’Europe qui entend sauvegarder ainsi la religion et l’ordre social.

Claudie ne se soutint pas longtemps sur les planches et les sentiments hostiles ou sceptiques de différents cercles de la société parisienne contre son auteur trouvèrent, entre autres, leur expression dans une parodie qui parut peu de temps après sous le titre de : Claudine ou les Avantages de l’Inconduite, étude pastorale et berrichonne par Siraudin et de Beauplan (Paris, 1851, Giraud, in-12).

Gustave Planche en analysant Claudie appela Mme Sand « une élève de Sedaine » et lui conseillait, dans son article, d’étudier cet auteur si injustement oublié. Ces paroles firent-elles relire à George Sand « le bon papa Sedaine » qui avait toujours été l’un de ses auteurs préférés (comme elle l’assura plus tard, dans une de ses lettres de 1876), ou bien un volume de Sedaine lui tomba-t-il simplement entre les mains parmi les dizaines de vieux auteurs qu’elle relisait alors à la recherche d’un canevas, pour quelque spectacle improvisé de Nohant, peu importe ! Le fait est que le Philosophe sans le savoir, qu’elle n’avait « jamais bien connu auparavant, ne l’ayant vu deux fois que dans son enfance » et qu’on venait justement de reprendre à la Comédie-Française, attira son attention ; elle s’enthousiasma tellement pour Sedaine, qu’elle écrivit le Mariage de Victorine qui est une suite du Philosophe tout comme le Mariage de Figaro est celle du Barbier de Séville. Est-ce ce lien intime entre les deux pièces qui fait que chaque reprise de la comédie de Sedaine rappelle immédiatement à tout le monde la pièce de George Sand, et vice versa, ou bien parce que le Mariage de Victorine s’adapte admii-ablement aux vieilles traditions du théâtre français, ce