Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T4.djvu/296

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poupées, et elle l’a mise en musique elle-même en écrivant, au-dessous, quelques mesures de mélodie tout aussi primitive, aux sons de laquelle les deux amoureux de la pièce se jurent fidélité et « Pandolphe essuie une larme à la mélomanie ». Toute la pièce peut être jugée sur cette dernière « remarque ».

Les Vacances de Pandolphe furent suivies par une comédie en trois actes : Le Démon du foyer, dont la première eut lieu le 1er septembre 1852. Et le 12 octobre de la même année commençait à paraître dans le Pays le roman de Mme Sand, Mont-Revêche. Il est très curieux de comparer ce roman et cette pièce : tous les deux ont pour héroïnes trois sœurs ; dans le roman ce sont les trois filles de M. Dutertre, dans la pièce les trois sœurs Corsari, et la donnée générale est presque identique. Mme Sand avait dès le principe eu l’intention de dédier ce roman à son ami le comte d’Orsay, mais le comte mourut le 4 août 1852 et le roman resta sans dédicace. Or, George Sand esquissa dans la pièce la silhouette du comte, et dans la comédie comme dans Mont-Revêche on retrouve aussi, reflétée, la personnalité de l’amie de d’Orsay, la propre fille de l’auteur, Solange. Seulement elle est une dans la pièce et divisée en deux dans le roman, où elle a servi de modèle à Fauteur pour dessiner les deux filles aînées de M. Dutertre, Nathalie et Éveline. La première, une glaciale beauté pétrie d’esprit, personnifie la méchanceté, l’hypocrisie, la couardise et les calomnies de Solange, qui, dans le roman comme dans la vie réelle font le désespoir de sa famille, sont la source d’une série de chagrins, de querelles, presque de meurtres et, en tous cas, causent, dans le roman, la mort prématurée de la belle-mère de cette diabolique enfant. Dans la seconde sœur, Éveline, nous reconnaissons d’autres traits de Solange, moins repoussants, plutôt bizarres, et quelquefois même attrayants ; nous voyons devant nous Vautre Solange, l’extravagante, la capricieuse, la mal équilibrée, la dominatrice, « la sublime princesse » de Nohant, habituée à l’adoration universelle, éprise de chiffons, de rubans, de luxueuses toilettes, de cavalcades et de grands titres, tantôt fantasque, adonnée à de folles entreprises, cherchant les émotions violentes, tantôt se mourant d’ennui et