Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T4.djvu/299

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Nous les citerons en entier : dans l’article de George Sand ils sont un peu changés. Au premier acte le prince dit à Flora en réponse à ses lamentations d’être « perdue », ayant cédé à ses conseils de fuir avec lui de la maison de ses sœurs :

Est-ce que je vous fais des conditions ? Me prenez-vous pour un gazetier ou pour un directeur de théâtre[1]. Je suis l’ami des artistes, et assez bien pourvu de tout ce qui fait la vie agréable pour être un ami désintéressé. Est-ce que j’ai cherché à vous séduire ? Je ne me suis pas aperçu de ça…

Au second acte, répondant de nouveau à une phrase de Flora qui déclare qu’on l’avait calomnié auprès d’elle, disant qu’il était capable de la mal conseiller, le prince réplique :

Ah ! cette bonne Nina ! Elle croit encore aux roués de la Régence. Oui, elle les connaît… de réputation. Elle les a vus représenter au théâtre ou dans les romans par un tas de chenapans qui leur font dire et faire des choses les plus bêtes[2]. C’étaient de grands sots, nos aimables aïeux, s’ils se conduisaient avec les femmes comme on les fait agir dans la littérature moderne…

Et Mme Sand ajoutait :

« Qui sait écrire doit savoir lire, et qui sait lire, doit savoir entendre, » puis elle demandait ironiquement « si c’étaient les auteurs modernes ou les types fictifs de leurs roués de la Régence qui étaient traités de chenapans et qui faisaient toutes les choses les plus bêtes »…

Mais, continue-t-elle, si même l’auteur avait fait dire à l’un de ses personnages les choses les plus exorbitantes, des énormités, ne fallait-il pas considérer le public comme apte à comprendre de lui même, sans qu’on lui dise comme aux enfants : « Celui-ci est le traître, il dit du mal de la vertu. Celui-là est l’insolent, il méprise tout ce qui n’est pas lui ! » Puis en parodiant

  1. Dans la pièce imprimée dans le volume II du Théâtre de George Sand ce mot est remplacé par le mot spectacle.
  2. C’est ainsi que la phrase est exactement transcrite dans la Lettre de George Sand à M. Jules Lecomte. Dans le vol. II du Théâtre on lit : Elle les a vus au théâtre ou dans les romans. Un tas de chenapans qui font et disent les choses les plus bêtes. »