Aller au contenu

Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T4.djvu/300

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

l’exclamation de Jules Lecomte : « Ah, madame, ah, madame ! insulter la critique ! » elle s’écriait : « Ne pas comprendre une chose si niaise ! Ah ! monsieur le critique ! un critique ! » Et elle terminait sa Lettre en déclarant que pour rien au monde elle ne suivra son conseil et ne changera pas un seul mot à sa pièce, parce que, si elle le faisait, « ce serait une sottise, une lâcheté et un mensonge », elle aurait l’air d’avouer d’avoir eu des intentions haineuses et rancuneuses contre quelqu’un, et il n’en était rien.

Au lendemain de cette lettre ouverte à M. Jules Lecomte, le 11 septembre 1852, George Sand écrivait à son fils à Paris :

Le succès du Démon me fait beaucoup de plaisir à cause du jugement faux des articles sur la pièce, qui a été démenti, et de la rage des journaux qui devient inutile. Lafontaine[1] m’a écrit. C’est un peu tard. N’importe ! Bocage m’a écrit des choses superbes, il s’est décidé à voir jouer une pièce à moi. Frédéric[2] m’a écrit encore qu’il court après toi pour les costumes et les décors de Nello. Compose et décide. Peut-être pour la scène du violon Frédéric aura-t-il quelque idée bonne à entendre sur la composition du décor. Je désirerais pourtant qu’il ne changeât rien sans ton avis[3]. Est-ce qu’on a retranché du Démon les gazeiiers, les chenapans et tout ce qui a fait la fureur des journalistes ? J’en serais fâchée. Réponds à cela[4]

Un an après le Démon du foyer, le 13 septembre 1853, George Sand fit représenter au Gymnase son Pressoir et deux mois plus tard, le 28 novembre, Mauprat tiré du roman de ce nom. Le vieil ami de Mme Sand, Eugène Delacroix, écrivait dans son journal à la date du 28 novembre, le soir même de la première de Mauprat, quelques lignes, à propos des deux pièces qu’il comparait : « Absence de talent dramatique, mots charmants, tous trop vertueux ; bon début, milieu se traîne, paysans vertueux assommants, manque de goût. »

Si tout le monde ne souscrit pas absolument à la première de

  1. Lafontaine avait joué le jeune premier de la pièce, le Marquis.
  2. Lemaître.
  3. V. plus loin la lettre inédite de îlme Sand à propos du changement apporté par Rouvière dans la dernière scène de Favilla, ce qui exigea aussi un changement dans le décor et la mise en scène de cet acte.
  4. Inédite.