Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T4.djvu/310

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peut-être y gagnerais-je un peu. J’ignorais votre adresse ; j’ai imaginé absurdement que Buloz devait la connaître. Il corrigeait les épreuves et en entendant votre nom, il m’a fort rudoyé. De plus je ne savais comment écrire votre nom ; Madame Sand, Mme Dudevant ou Mme la baronne Dudevant ? Je craignais avant tout de vous déplaire. Enfin, le dernier nom, m’a fait l’effet d’une impertinence pour le génie et j’ai pensé que vous préfériez le nom par lequel vous régnez dans le cœur et l’esprit de votre siècle.

C. B

Si, après avoir lu ces lignes si respectueuses, si diplomatiquement insinuantes, si savamment flatteuses, on les met en regard des commentaires hostiles et méchamment mordants dont leur auteur accompagne la réponse, de George Sand, datée du 16 août 1855 (imprimée par M. Crépet à la page 220 des Œuvres posthumes et Correspondance inédites de Charles Baudelaire, in-8°, Quantin 1887), ou éprouve un sentiment de vrai malaise devant cette désinvolture morale, pour ne pas dire plus, du poète. Et que cette lettre de Mme Sand méritait une autre « note en marge » de la part de Baudelaire, tout le monde sera d’accord, nous n’en doutons pas.

À Charles Baudelaire.
Nohant, 16 août 1855.
Monsieur,

C’était une chose convenue. J’ignorais qu’elle fût rompue et j’ignore encore pourquoi. Je regretterais beaucoup Mlle Daubrun et si je puis faire qu’on revienne à elle, je le ferai certainement : je vais écrire de suite.

Agréez l’expression de mes sentiments distingués.

George Sand.

Baudelaire écrivit au-dessus de ces lignes : « Remarquez la faute de français : de suite pour tout de suite. »

C. B

et au-dessous :

« La devise marquée sur la cire était : Vitam impendere vero. Mme Sand m’a trompé et n’a pas tenu sa promesse. Voici dans