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la donna pas au théâtre, mais l’imprima simplement dans la Revue des Deux Mondes. Cette œuvre est très caractéristique et très intéressante ; c’est une version contemporaine de la légende favorite du moyen âge sur le pécheur repentant, ému d’une foi sincère, qui obtient la grâce de Dieu en se sacrifiant par amour du prochain, tandis qu’un moine qui passe sa vie en actes de contrition et d’ascétisme, ne songeant qu’à son propre salut, est condamné aux tourments éternels et tombe dans les griffes du diable.

Les attaques que George Sand eut à soutenir à propos de Favilla, de Comme il vous plaira et de Françoise l’éloignerent-elles de l’art dramatique ? Y eut-il à son silence quelque autre raison ? Nous ne pouvons le dire, mais la pièce suivante, Marguerite de Sainte-Gemme, ne fut représentée qu’en 1859.

Ces trois ans peuvent être considérés comme la seconde période de la passion de George Sand pour les marionnettes. Ce fut l’époque de l’épanouissement définitif de cet art à Nohant.

Les amis de Mme Sand qui la visitèrent dans les derniers dix ans de sa vie ont beaucoup écrit et beaucoup raconté sur les marionnettes de Nohant. Parmi tous ces récits, le plus intéressant est celui de notre vieil ami très regretté, Edmond Plauchut[1]. Dans ses Souvenirs[2], M. Plauchut fait faire au lecteur la connaissance de toute la troupe des marionnettes, le célèbre Balandard en tête, ce petit bonhomme d’une si grande notoriété, présenté plus tard à Flaubert, à Alexandre Dumas fils, à Tourguéniew et au prince Napoléon.

George Sand elle-même écrivit à plusieurs reprises sur les marionnettes de son fils. C’est ainsi qu’on lit dans le Diable aux champs une description pleine de couleur d’un spectacle de marionnettes donné par Maurice et ses amis dans la salle du prieuré, et qu’on peut même faire la connaissance d’une de ses marionnettes, « le diable[3] ».

  1. Edmond Plauchut, écrivain fort connu, collaborateur fidèle du Temps et de la Revue des Deux Mondes, né en 1814, mort en 1909.
  2. Autour de Nohant.
  3. V. plus haut chap. viii, p. 148-153.