Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T4.djvu/32

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précision d’une descente domiciliaire, George Sand le brûla en grande partie, après le 15 mai, avec un tas d’autres papiers et lettres), nous lisons les lignes que voici sur l’engouement universel pour les questions politiques et sociales, observé à Paris en avril 1848 :

Partout on parle et on s’occupe des affaires publiques toute la journée. Nous nous plaignions de l’indifférence générale il y a trois mois, c’est un grand pas de fait. Les ouvriers nous répondaient alors : « La politique n’est pas faite pour nous. Que nous importe un changement de ministère, cela nous donnera-t-il du travail ? Toutes vos discussions ne nous regardent pas[1] !… »

Ces paroles, George Sand aurait pu les écrire en son nom, parce que, autant elle rêvait, à l’instar de tous ses coreligionnaires politiques, à l’avènement de la souveraineté du peuple, autant la date de cet avènement lui restait vaguement voilée. Les journées de Février lurent une surprise absolue pour elle[2]. Le sens du mouvement populaire et des agitations qui suivirent de près la prohibition du célèbre banquet du XIIe arrondissement parisien, n’était pas plus clair pour elle que pour les travailleurs dont elle parle dans les lignes précitées. Dans sa lettre à son fils, du 18 février, qui commence par la demande de lui envoyer tout de suite les états de service de son père, le colonel Dupin, dont elle avait besoin pour son Histoire, et qui raconte plus loin et avec maints détails une histoire plus intime d’un vol arrivé à Nohant[3], George Sand parle ainsi des événements parisiens (ces mots viennent immédiatement après le passage omis dans la Correspondance : « Voilà le résumé de ce procès à huis-clos et le tribunal secret a prononcé qu’il

    d’État de 1851. Dans le volume des Souvenirs et Idées paru en 1904, l’un et l’autre sont imprimés avec des lacunes, des changements et des mots tronqués.

  1. Souvenirs et Idées, p. 17.
  2. M. Monin dit, à ce propos en toute justesse, que « George Sand prédisait plus qu’elle ne prévoyait », comme du reste cela arriva à la plupart des politiques de profession, en 1848, conservateurs et radicaux.
  3. Nous avons déjà dit en note, à la page 589 du vol. III, comment les sept lettres de février 1848 étaient « arrangées » dans le tome III de la Correspondance.