Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T4.djvu/331

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de ces deux personnages, des détails curieux, surtout dans celui de Désaubiers, ancien viveur, léger, mais bon garçon au fond ; malgré sa cinquantaine, un fils adulte de son premier mariage et sa seconde femme, il ne peut abandonner ses fredaines, se croit toujours jeune, et végète sous la pantoufle de son énergique épouse, charmante, pleine d’esprit et de bon sens, mais vertueuse à faire peur ! Cette donnée pouvait donner matière à une jolie comédie. Il n’en fut rien, la pièce est dépourvue de tout mouvement dramatique et de tout intérêt.

Après 1859, toutes les pièces de George Sand, à l’exception de Lupo Liverani dont nous avons parlé plus haut, sont ou des « nouvelles dialoguées », destinées à n’être jouées qu’à Nohant et non sur les théâtres parisiens et seulement plus tard refaites à cet usage, avec, ou sans le consentement de leur auteur, par d’autres personnes (tels sont le Drac, le Pavé, Plutus, la Nuit de Noël, la Laitière et le Pot au lait, Un bienfait n’est jamais perdu[1], ou bien ce sont des pièces tirées de ses romans en collaboration avec d’autres (Maurice Sand, Paul Meurice, Cadol, Dumas fils, tels le Lis du Japon, tiré d’Antonia, le Marquis de Villemer, Cadio, Mlle La Quintinie), ou même simplement elles sont écrites d’après ses romans par des étrangers sans sa participation (par exemple les Beaux Messieurs de Bois-Doré[2]. Ce n’est que l’Autre, la toute dernière œuvre dramatique de Mme Sand, qui fut écrite par elle seule et jouée en 1870 (il faut noter que le rôle de la jeune fille y fut créé par une (( toute jeune actrice à la voix d’or », Mlle Sarah Bernhardt). Selon nous, si l’on excepte le Marquis de Villemer, dont nous parlons plus loin, et Mlle La Quintinie qui, du vivant de l’auteur, ne vit jamais la rampe[3], il n’y a d’intéressant parmi toutes ces œuvres dramatiques que la nouvelle dialoguée d’après Hoffmann, la Nuit de Noël, une version de ce même poème en prose qui fit écrire à Tchaïkowski une si ravissante musique de ballet — le Casse-noisettes.

  1. Imprimé dans le même volume que Fronda, c’est un proverbe, écrit en 1872.
  2. V. la lettre de George Sand à M. Chilly datée du 4 avril 1862. (L’Entracte du 6 avril 1862.)
  3. Mlle La Quintinie fut jouée au Théâtre des Arts à Bruxelles.