Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T4.djvu/332

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George Sand redit encore une fois dans la Préface de cette pièce qu’elle s’était, dès sa jeunesse, toujours enthousiasmée pour les poétiques créations de Hoffmann, où le fantastique se mêle d’une manière si naturelle au réel ; elle dit avoir admiré de tout temps son Maître Floh ; elle se sentait attirée par le personnage de Pérégrinus. En en faisant le héros principal de sa pièce et en gardant plusieurs scènes de Hoffmann : les joujoux animés, le bal des souris et l’apparition du spectre, George Sand plaça au centre de l’action sa thèse favorite : la victoire du sentiment sur la froide raison, de la foi sur le doute, du sacrifice et de l’amour spontané sur l’égoïsme et la réflexion. Il est fort probable que la Nuit de Noël, écrite en 1863, doit son existence à la reprise de la correspondance de Mme Sand avec son vieil ami Dessauër, « le maître Favilla » chéri qui avait toujours semblé à Mme Sand l’incarnation des types de Hoffmann ; il vint même bientôt faire une petite villégiature à Nohant. La Nuit de Noël fut représentée sur le théâtre de Nohant et le rôle de Pérégrinus joué par Manceau. Dans sa lettre à Édouard Cadol qui commençait alors sa carrière d’auteur dramatique et s’était récemment lié d’amitié avec Mme Sand et toute sa famille, George Sand écrit le 9 février 1863 : « Nous avons joué notre pièce ( « merveilleusement joué, » dit-elle plus haut) et fermé le théâtre. Je regrette que vous n’ayez pas vu Manceau dans le rôle de Pérégrinus ; c’est un idéal de naïveté poétique et fantastique. Clerh nous a tous surpris, il a été excellent. »

Manceau lui-même, comme nous allons le voir plus loin, rappelait par maint trait de son caractère le type de Hoffmann qu’il représentait, un cœur simple, pensant aux autres plus qu’à lui-même, nature rêveuse et un peu fantasque[1].

George Sand lui dédia une autre pièce destinée au théâtre de Nohant, Plutus d’après Aristophane. Elle écrit à propos de

  1. Mme Sand écrivait quelques jours plus tard à sa belle-fille à Paris : « Manceau a dû écrire ce matin à Maurice que tout le mobilier était arrivé sain et sauf. Il a passé la journée entière, ce pauvre Pérégrinus, à déballer, ranger, séparer et en somme tout est admirablement placé sous la main et vous n’avez plus qu’à distribuer comme vous l’entendrez… Je me porte bien et Pérégrinus pas mal… »