Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T4.djvu/36

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des familles, le peuple est le meilleur des amis. Il ne faut pas songer à autre chose.

… Le peuple a prouvé qu’il était plus beau, plus grand, plus pur que tous les riches et les savants de ce monde[1].

Le même ton enthousiaste règne dans ses premiers articles de 1848.

La révolution est accomplie : la République est conquise… (c’est ainsi que commence sa Lettre à la classe moyenne). La République est la plus belle et la meilleure forme des sociétés modernes…

Les républiques du passé ont été des ébauches incomplètes. Elles ont péri parce qu’elles avaient des esclaves.

La République que nous inaugurons n’aura que des hommes libres, égaux en droits… Avec le régime que nous venons de détruire par l’aide de Dieu et la volonté de la Providence, le riche était aussi malheureux que le pauvre. Ces deux classes se sentaient dangereuses, hostiles l’une à l’autre. Le pauvre craignait la trahison et la tyrannie du riche ; le riche craignait la colère et la vengeance du pauvre…

Cet état de choses contre nature doit cesser prochainement, et il cessera nécessairement aussitôt que des lois sages et grandes assureront l’existence et le travail à tous les Français…

Selon son idée les classes riches doivent prendre l’initiative ; la classe moyenne s’est dignement conduite, en prenant courageusement le parti du peuple ; elle possède la science ; le peuple a la force et ce n’est que grâce à cette union de la science et de la force qu’Us ont vaincu. Il faut maintenir cette union, car autrement, la cause de la liberté sera perdue. Il faut donc se tendre la main et avoir confiance de part et d’autre.

Le peuple, continue Mme Sand, investi d’une puissance dont il n’a jamais fait usage et dont il ne comprendra la portée que dans quelques jours, est disposé à accorder toute sa confiance à la bourgeoisie. La bourgeoisie n’en abusera pas. Elle ne se laissera point égarer par de perfides conseils, par des alarmes vaines, par de faux bruits, par des calomnies contre le peuple. Le peuple sera juste, calme, sage et bon, tant que la classe moyenne lui en donnera l’exemple. S’il était trahi, si on faisait servir le premier exercice de ses droits politiques à le tromper ; si, par

  1. Correspondance, t. III, p. 6-8.