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Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T4.djvu/360

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Nohant, 20 avril 1852.

Où en est ta pièce avec Rochery ? Est-ce que vous y travaillez sérieusement ? Il faudra venir l’essayer ici ? ou qu’il vienne l’achever avec toi…

…Tu fais aussi bien d’être à Paris si tu t’y amuses. Ici le spleen me consume, et je suis malade depuis plusieurs jours. Je me croyais pourtant guérie, je l’étais au commencement, mais je n’ai plus de force pour travailler et cela me désespère. Il faut pourtant piocher ou mourir.

Tu t’expliqueras avec Manceau de ton affaire d’images, je n’ai pas voulu lui en parler. Je vois seulement que tu voudrais lui faire vendre les planches faites, et cela me paraît détruire tout un projet qui était bon, pour toucher fort peu de chose.

Ce ne serait pas, je pense, dans son intérêt, et son intérêt, en cela, doit peser plus que le tien, puisque tu donnes à ce travail quelques jours par année, tandis qu’il y donne des semaines et des mois d’assiduité. S’il s’en dérange beaucoup, la faute en est à moi, qui l’emploie à mille soins dont il me soulage, à des copies, à des rangemens sans fin, et je me trouve bien de l’obligeance infatigable avec laquelle il accepte ces corvées. Je ne vois donc pas que personne ait à lui en faire reproche, toi moins que tout autre, puisque c’est de la peine qu’il m’épargne et du tems qu’il me fait gagner…

Nous avons un froid atroce depuis deux jours… Aujourd’hui j’ai gardé le lit toute la journée. Le soir nous lisons du Cooper avec Martin et Manceau, et je fais la tapisserie pour ta cheminée ; nous montons à 10 heures et demie et je travaille jusqu’à 3 heures, je reprends mon travail le jour de une heure à six.

Toccante[1] me débarrasse des interminables dérangemens des paysans et des ouvriers…


Nohant, 28 avril 1852.

Je ne conçois pas, mon enfant, que tu ne reçoives pa mes lettres. Je t’ai écrit la veille du jour où Manceau t’a écrit.

… Je te parlais de Manceau dans cette lettre, je te disais que je n’avais pas voulu lui parler de ton désir de vendre les quatre planches de Napoléon avant les sujets religieux et autres de la collection, je crois qu’il ferait tout ce que j’exigerais de lui, mais je ne crois pas devoir exiger que, d’une affaire où il met la meilleure partie de son

  1. Émile Aucante.