Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T4.djvu/361

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

tems et où tu ne mets en somme que quelques heures du tien de tems en tems, affaire qui peut être bonne dans son ensemble, il fasse pour vous procurer plutôt quelques sous, une affaire manquée pour l’avenir. Il n’y renonce pas, je le sais, puisqu’il s’y est remis, après avoir fait un immense rangement dont je l’avais chargé. Tu te plains du tems qu’il perd à autre chose, qu’est-ce que cela te fait ? tu ne peux le considérer comme un manœuvre à la solde, puisque tes avances sont nulles ; mais moi je peux le considérer comme un ami et serviteur volontaire qui me rend mille petits services très profitables : copies de manuscrits, de lettres, comptes tenus en ordre, surveillance de détails auxquels je ne peux me consacrer sans perdre un temps précieux pour mon travail, je disais donc que tu aurais tort de lui reprocher cela, puisque j’en profite, et que tu ne peux trouver que très bien et très bon qu’on m’allège une partie des soins qui m’écrasent et auxquels ma santé ne suffit plus.

Je te disais aussi que j’étais prête à faire tous les articles que tu voudrais pour l’Illustration… Enfin je crois que je te parlais théâtre et que je te disais que je faisais un roman. J’ai fait le premier volume en quinze jours, des volumes de deux cent cinquante pages comme celles de cette lettre ! Je fais le deuxième volume qui sera fini à la mimai. Aussitôt après je me remettrai au théâtre. Je te disais aussi d’amener Rochery, quand tu voudrais, répète-le-lui. Le temps me manque pour lui écrire…

Manceau tâchait donc de préserver Mme Sand de tous les soucis matériels, en prenant sur lui les soins dont généralement dans les familles des grands écrivains se préoccupent leurs femmes ou leurs enfants. En même temps il faisait tout ce qu’il pouvait pour Maurice (comme nous le verrons encore plus loin par des lettres inédites de 1855, 1857 et 1858), Bien plus, en mourant, Manceau légua à son bien-aimé camarade tout son petit avoir. Cet homme au cœur simple comprenait les choses, comme on voit, autrement que bien des messieurs qui ne se souciaient pas de puiser à pleines mains dans la bourse toujours ouverte pour tous les nécessiteux et pour tous ceux dont les affaires étaient embrouillées, cette bourse de George Sand qui secourait d’innombrables amis recourant à son aide, et une quantité de personnes connues et inconnues vivant souvent à ses dépens. Manceau qui reçut pendant plusieurs années l’hospitalité à Nohant, non seulement l’en remercia par son travail,