Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T4.djvu/391

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Tous artiste aimant la campagne a rêvé de finir ses jours dans les conditions d’une vie simplifiée jusqu’à l’existence pastorale, et tout homme du monde se piquant d’esprit pratique à raillé le rêve du poète et méprisé l’idéal champêtre. Pourtant il y a une mystérieuse attraction dans cet idéal, et l’on pourrait classer le genre humain en deux types : celui qui, dans ses aspirations favorites, se bâtit des palais, et celui qui se bâtit des chaumières.

Quand je dis chaumière, c’est pour me conformer à la langue classique. Le chaume est un mythe à présent, même dans notre bas Berry. … Va pour chaumière ! Trouverai-je mon idéal dans ce village ? Non, un idéal, cela ne se trouve nulle part.

Combien j’ai salué, en passant, de ces chaumières décevantes dans des sites séduisants ! Combien j’en ai dessiné dans ma tête, enfouies dans des solitudes à ma fantaisie ! Je n’avais jamais songé à les placer dans un village.

Mme Sand dit plus loin qu’elle eut le désir de s’initier à l’existence des paysans, en vivant chez eux, dans leur village. À l’entendre, idéalistes et réalistes[1] peignent en bien ou en mal des paysans aussi fantastiques les uns que les autres. Ni des êtres aussi sales ou grossiers, ni « des bergers roses et frisés » qu’ils nous présentent n’ont jamais existé[2]. Puis, elle revient à l’acquisition de la maisonnette de Gargilesse :

… Amyntas s’est décidément épris de la maisonnette où nous sommes logés. Il y rêve une installation possible, un pied-à-terre tolérable au milieu du monde enchanté des fleurs, des ruisseaux et des papillons. Pourquoi pas ? Il à bien raison[3].

  1. Lors de l’impression de ces pages sous le titre primitif de Courrier de village dans le Courrier français, il se trouvait à cet endroit dans le texte de Mme Sand une assez longue digression sur le réalisme, qui fut supprimée quand les Promenades autour d’un village parurent en volume. Ce morceau fut réimprimé plus tard dans les Questions d’art et de littérature sous le titre de Réalisme. Il renferme quelques pages fort intéressantes consacrées à l’analyse et à la défense de Madare Bovary, de Flaubert.
  2. Remarquons qu’au moment où parurent ces lignes, il n’y avait que les Paysans de Balzac qui existaient en littérature ; la Terre, de Zola, n’avait pas encore réjoui le monde des humains par son apparition.
  3. Mme Sand avait, elle aussi, toujours eu une passion pour les ruisseaux ; elle écrivit deux petites bluettes charmantes consacrées Spécialement à leur murmure, leur babillage ; l’un de ces morceaux, le Ruisseau, fit partie du recueil le Keepsake édité en 1854 à Londres par miss Power ; l’autre parut dans la Revue des Deux Mondes de 1863 sous le titre de Ce que dit le ruis-