Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T4.djvu/393

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déjeuner champêtre de George Sand et de ses compagnons dans un pré, au bord de la rivière. Ce petit tableau existe encore.

Malheureusement, le 29 déjà, il fallut repartir pour laisser la villa d’Amyntas aux réparations urgentes.

Nous ne reviendrons qu’à l’automne, et c’est alors seulement que nous deviendrons assez citoyens de ce village pour en pénétrer les mœurs et les coutumes…

…Nous partons ; car il nous faut, pour une plus longue station, d’humbles conditions d’établissement qui nous permettent de ne pas mener tout à fait la vie d’oisifs au milieu de ces gens laborieux.

Tous les détails et renseignements que nous avons puisés dans les Promeyiades autour d’un village sont de tous points confirmés par les lettres inédites de Mme Sand, écrites aux mêmes dates de juin et de juillet 1857 et adressées à Maurice à Paris et à Guillery :

Retour de Gargilesse, 27 juin 1857.

Cher minon, j’ai reçu ta lettre avant-hier en passant à La Châtre, pour aller à Crozant où nous n’avons pas été. Nous nous sommes laissés séduire par Gargilesse, qui dans cette saison est un paradis terrestre ; au moment de le quitter après l’avoir traversé, nous avons appris de Moreau (du Pin) notre ancien guide (l’homme aux mulets à puces) qu’il y avait une bonne auberge et des petites chambres. Nous y donnons un coup d’œil, c’est d’une pauvreté primitive, mais ô surprise ! c’est propre. Nous nous décidons à y rester, on nous fait de la cuisine excellente, et nous y serions encore sans la nécessité pour Depuiset de retourner demain matin à Paris, si bien que nous venons d’arriver ce soir, pas trop fatigués malgré une dizaine de lieues à pied en deux jours sous un soleil des tropiques, à preuve que Manceau y a pris un papillon d’Afrique et un autre du Midi de la France : Algira et Gordius. Mais je ne te parle pas des papillons, Depuiset, bouleversé de ces deux prises dans l’Indre, doit t’exprimer son enthousiasme. Il a été du reste très sensible à la beauté du pays que nous avons arpenté de la belle manière. De Châteaubrun à Gargilesse par les bords de la Creuse il y a un joli bout de chemin, quatre heures de marche sans chemins frayés, ça compte. Mais c’était l’heure de l’effet[1]. C’est un

  1. Expression fort en usage alors à Nohant parmi les jeunes peintres. (Cf. la Correspondance, t, IV, avec ce que George Sand dit à la page 43 des Promenades autour d’un village et dans la Daniella.)