Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T4.djvu/394

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pays féerique et que malgré toutes nos courses nous ne connaissions pas. La région de Gargilesse, où nous n’avions fait autrefois que passer par d’assez mauvais tems[1], est une serre chaude même en hiver, et quand le soleil y donne comme dans ce tems-ci, c’est beaucoup, beaucoup plus chaud que Tusculum. Je ne crois pas avoir jamais eu si chaud, je suis cuite comme une brique, et le jardinier me dit qu’il n’a pas fait très chaud aujourd’hui à Nohant. Mais quelle végétation dans ces petites gorges de la Gargilesse où nous avons été ce matin ! Manceau a compris que nous n’étions pas enchantés de la gorge de Marino et des rives de la Nemi[2]. Quant à Depuiset il se croyait au sommet des Alpes, je t’ai bien regretté, mais nous faisons des châteaux en Espagne pour avoir là une cabane et quelles belles chasses tu y feras !

Je savais déjà ton succès de Bissextre et de lupins[3] par Angèle et son mari, qui y ont trouvé littéralement une foule. Ils ont été se faire photographier chez Nadar qui leur a dit que tu avais un grand succès, qu’il trouvait cela charmant et qu’il te soignerait dans un article pour je ne sais plus quel journal. Il leur a dit aussi qu’il ne te connaissait pas, mais qu’il t’aimait à cause de moi ; va donc le voir et sois gentil avec lui.

Mme Villot aussi est charmante pour toi et parle de te fane avoir une médaille. Elle dit que ce serait justice…

Nous savons par les Promenades autour d’un village qu’au commencement de juillet Mme Sand fit une nouvelle excursion à Gargilesse, et plus tard, après le départ de Maurice pour Gallery, une troisième, ce qu’elle raconte à son fils dans sa lettre du 30 juillet 1857 :

Nous recevons les lettres du 27. Je te bige à mort. Nous voilà reposés. Il fait bien moins chaud ici décidément. Nous avons eu avant-hier matin un peu d’orage et de pluie à Gargilesse. Ici presque pas.

…Nous avons renvoyé Jardinet à Gargilesse pour conduire les travaux de Manceau qui se paie trois cents francs de réparations à forfait. Il n’y a pas moyen de l’empêcher d’arranger sa baraque beaucoup plus pour nous que pour lui. Il en fait une cabine de navire en

  1. En 1846. Voir notre vol. III, chap. vi.
  2. Cf. avec ce que Mme Sand dit dans les Promenades autour un village à la page. 46, à propos des paysages italiens et des comparaisons avec les sites au centre de la France faites par Manceau et Maurice.
  3. Êtres fantastiques que Maurice Sand avait esquissés entre autres dans ses Visions à la campagne exposées au Salon en 1857 et qui parurent l’année suivante en volume avec une préface de George Sand. Voir notre vol. III, chap. VII.