Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T4.djvu/399

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gage à attendre deux ou trois jours de plus. Je ne sais si elle m’écoutera… J’ai tant d’envie d’aller vous rejoindre. Mais je ne peux pas encore, et toute la campagne que je vais faire se bornera pour le moment à Gargilesse. » Revenue de Gargilesse, Mme Sand écrit à son fils à Paris :


28 avril 1858.

Cher enfant, nous partons demain pour Gargilesse pour vingt-quatre heures ou huit jours, selon le temps qu’il fera… Si tu avais quelque chose de pressé et d’important à me faire savoir il faudrait envoyer ta lettre sous l’enveloppe de Jean Renaud, jardinier à Nohant, eu lui disant que tu désires que cela me soit envoyé de suite. Alors Sylvain ou Meo Patacca car le nom lui est resté[1], me l’apporterait puisque je laisse toujours un des deux frères et un des trois chevaux à la maison. Que ce soit entendu une fois pour toutes.


Nohant, 3 mai 1858.

J’arrive ce soir, nous avons eu froid et pluie en route, mais je crois que tout ça fait du bien quand on y va volontairement et sans y prendre garde. J’ai trouvé une lettre de Sol. qui me dit aller mieux. Je ne trouve rien de toi. As-tu fait ta course à Compiègne ? As-tu été mouillé ? Ceci me paraît inévitable. Écris-moi. Je compte retourner là-bas à la fin du mois. Et toi, quand y viendras-tu ? Envoie de suite ma lettre à Émile pour qu’il sache que je suis de retour et qu’il m’envoie des sous s’il en a. Je te bige mille fois. Écris-moi.


Nohant, 8 mai 1858.

Je commençais à m’inquiéter de toi, mon Bouli. Je vois que pendant que je revenais par le froid et la pluie de nos rochers pittoresques tu errais dans les forets par le même temps. À présent nous avons le déluge et un froid de chien.

Il a fallu rallumer le calorifère et l’on n’est pas sans crainte d’une ou de deux gelées qui feraient bien du dégât. Jamais récoltes en tout genre, blé, vin, foins et fruits, ne se sont annoncées si splendides… »

  1. Nom d’un personnage de la Comédie italienne qu’on avait donné comme sobriquet au cocher de Mme Sand.