Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T4.djvu/415

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jusqu’au mois de novembre, dans le volume Six mille lieues à toute vapeur, dont George Sand écrivit la préface, comme nous l’avons dit. Elle revint avec Manceau vers le 8 juin à Nohant, après un petit voyage en Savoie et dans le Dauphiné (où elle venait de placer l’action de Valvèdre, imprimé au printemps dans la Revue des Deux Mondes, et où elle fit une visite au directeur de ladite revue, Buloz). Puis, en continuant sa route, elle s’arrêta à Montluçon où elle revisita les usines et les mines, ayant pour guide un ingénieur de ses amis[1].

Dans Flavie, dans Valvèdre et dans Jean de la Roche, les lépidoptères, les couches « tertiaires » ou « dévoniennes », les « ombellifères » et les « labiées » n’apparaissent que comme les marottes des héros. Dans Antonia, c’est une fleur rare qui est pour ainsi dire l’héroïne du roman.

L’Antonia est un spécimen de liliacées merveilleux, à grand’peine obtenu par la culture et possédée par Antoine Thierry, vieux célibataire avare et maniaque, riche commerçant du dix-huitième siècle. La secrète passion de sa vie est la culture des fleurs rares. L’Antonia, cette merveilleuse fleur, devient donc le point de départ d’une série d’aventures compliquées. Antoine Thierry ne pardonne pas à sa belle-sœur, la veuve du célèbre peintre Thierry, d’avoir refusé de l’épouser. Il se venge sur elle et sur son fils, peintre aussi, en les faisant souffrir de leur indigence. Il les tient dans la dépendance de sa générosité, et, finalement, il les opprime tout à fait, lorsqu’il apprend que le jeune Thierry est aimé par la jeune marquise qui vient encore de le repousser. Or, par ce mariage il voulait la sauver des poursuites de sa méchante belle-mère et des créanciers de son mari défunt. Pour comble de malheur, voici que dans

  1. On lit en note à la lettre de George Sand du 14 février 1861 (dans laquelle elle décrit son excursion à Montluçon et dit que « cela rentre dans son métier d’écrivain ») : « Mme Sand préparait alors son roman la Ville noire. Or, ce roman avait déjà paru en 1860. Donc les explications de M. Brothier — ingénieur à Montluçon — et les visites aux usines ne purent lui servir que pour quelques corrections ou quelques vérifications pour une nouvelle édition de ce roman. Nous avons aussi dit dans le chap. iii de notre précédent volume que Mme Sand avait peint, sous les traits d’Audebert, le vieux poète prolétaire Magu, mort en 1859.