Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T4.djvu/419

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La correspondance entre George Sand et Rodrigues se noua à l’occasion de l’éducation d’un jeune garçon, M. Francis Laur, qui, adolescent encore, gagnait sa vie et soutenait sa mère, en servant de secrétaire et de guide à un vieil ami de Mme Sand, M. Charles Duvernet, subitement devenu aveugle[1]. Mme Maurice Sand nous avait raconté que Francis Laur, tout enfant encore, avait d’emblée gagné la confiance et les sympathies de Mme Sand un jour, qu’aidant à faire un rangement dans la maison, il avait soudain découvert au grenier, au milieu des vieilles paperasses, les naïfs et touchants bouquets de fleurs sauvages que, dans les jours bienheureux de jeunesse, en 1834, le docteur Pagello cueillait de grand matin pour Mme Sand, au pied des Alpes vénitiennes, et lui présentait à son réveil ; elle les avait soigneusement séchés et gardés au milieu de ses souvenirs, mais les croyait perdus et les revit avec joie. Mme Sand s’intéressa au sort du jeune garçon laborieux ; elle y intéressa Rodrigues et celui-ci lui donna les moyens de faire de bonnes études à domicile, de passer ses examens, afin d’entrer dans une école supérieure, et de devenir ingénieur. C’est M. Louis Maillard, ingénieur des colonies, naturaliste et voyageur, un parent d’Alexandre Manceau et un grand ami de Mme Sand qui, vers 1860, prit une vive part à cette bonne œuvre-là. Ayant passé plusieurs années à l’île de la Réunion-Louis Maillard écrivit une série d’études sur sa faune, sa flore et sa formation géologique ; revenu en France, il voua son temps et ses efforts à l’éducation de deux enfants noirs qu’il eut d’une femme des colonies, et son épouse l’y seconda généreusement. Mme Sand plaça chez Maillard Francis Laur, puis son petit-neveu Simonnet (fils de sa nièce Mme Léontine Simonnet, née Châtiron) et il se forma autour de Louis Maillard comme un petit pensionnat qu’il dirigeait. C’est ainsi que Mme Sand fit participer M. Louis Maillard à la bonne œuvre de M. Rodrigues, Or, elle se lia d’une si grande amitié avec lui qu’elle le nomma l’un de ses trois exécuteurs testamentaires par rapport à la conservation et à la publication de sa correspondance avec Musset.

  1. Voir Correspondance, t. V.