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À Ludre Gabillaud[1].
Nohant (15) mai 1862.

Demain alors, mon ami. Tâchons que le contrat soit signé à 4 heures et que le mariage ne se fasse pas plus tard que 5. Est-ce possible ? Notre fillette se fait des idées sur le mariage à la nuit comme un mauvais présage.

Caressons l’enfantillage en bonnes gens que nous sommes. Encore un bon coup de collier, mon bon Ludre. Chargez-vous d’amener l’adjoint et le notaire, ce dernier témoin de Maurice avec Duvernet. Vous, témoin de Calamatta. Nous dînons ensemble après. Dimanche, le lendemain, vous revenez dîner avec nous et vous nous amenez votre femme. Est-ce convenu ? Dites à Sylvain si c’est oui sous tous les rapports[2].

G. Sand.

Donc, le 16 mai 1862, Maurice Dudevant se maria avec la fille du graveur connu Luigi Calamatta, Caroline-Marceline Calamatta (ou « Lina », comme on l’appela désormais), petite-fille de l’égyptologue célèbre Raoul Rochette et arrière-petite-fille de Houdon. Le vieux Nohant vit dans ses murs une jeune maîtresse de maison qui non seulement prit sur elle tous les soins, tous les soucis du ménage et des devoirs mondains, mais qui devint bientôt l’aide de Mme Sand dans toutes ses œuvres de bienfaisance[3], son amie, sa vraie fille dévouée et bien-aimée. Dans une lettre que Mme Sand lui adressa au moment de la demande en mariage faite par Maurice Sand, en parlant de la vieille amitié qui unissait les Sand avec le père de Lina, le vieil ami Calamajo, et en suppliant la jeune fille de se fier à l’amour de Maurice et de sa mère, elle lui disait carrément :

  1. Avoué à La Châtre, homme d’affaires de Mme Sand, ami de toute sa famille.
  2. Inédite.
  3. Après la mort de Lina Sand (en 1901) l’un de ceux qui parlèrent sur sa tombe dit, en rappelant aux assistants l’aide active que Lina prêta à Mme Sand dans ses secours aux malheureux : « Ces femmes admirables se cachaient toutes les deux pour faire le bien comme d’autres pour faire le mal, » disant ainsi en quelques mots plus qu’on ne pourrait en dire en des dizaines de pages.