Enfin, en 1862, le sort de Maurice fut décidé. Il arrêta son choix non pas sur quelque « charmante inconnue », non pas sur quelque « bon parti », ni sur une jeune personne qui « conviendrait surtout aux rôles de « jeune première »[1] dans les spectacles improvisés, mais sur une jeune fille que lui et sa mère connaissaient depuis son enfance.
Mon cher ami, bonne nouvelle ! Maurice se marie selon son cœur et selon son gré. Il épouse la charmante fille de mon vieux et digne ami Calamatta. La fortune qu’il eût demandé à une personne inconnue, il ne la demande pas à celle qui vaut par elle-même, et il a raison. Il est dans le vrai et je suis pleine de bonheur et de satisfaction… Nos fiancés sont à Paris avec Calamatta pour quelques jours[2]…
- Cher ami et chers enfants,
Bonne nouvelle ici. Depuis plusieurs semaines mon cœur est dans un grand tralala. Enfin, c’est arrêté ! Maurice épouse la fille d’un de mes plus anciens et plus chers amis, le graveur Calamatta, directeur de l’École de dessin de Milan. C’est une petite Italienne, née et élevée en partie à Paris et que nous chérissons comme un enfant de la famille, depuis qu’elle est au monde. Elle est gentille, charmante, intelligente et chaude patriote romaine. Nous sommes heureux et joyeux. Le père pourra vivre une bonne partie de l’année près de nous. C’est un bonheur de plus. Nous ne savons encore si nous faisons le mariage à Paris ou à Nohant et le jour n’est pas fixé. Mais c’est très prochain, car nous publions les bans.
… Je vous prie de faire part de notre événement de famille à tous nos amis de là-bas, M. et Mme Trucy, M. Gouin, le docteur Aubon, Courdonan, etc. J’écris aux Margollé.
Amitiés et tendresses de Manceau.