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aussi, qui paraîtra aussitôt après le mien dans la même revue.

Manceau fait de tout et tout le monde vous aime et vous embrasse…


Nous lisons enfin dans la lettre de Mme Sand à Ed. Rodrigues, dont nous avons cité un passage au chapitre xi :

J’ai donc bien fait de ne pas vous dédier ce roman qui va m’attirer des horions ? Vous voyez, je n’ai pas été trop bête, cette fois, pour moi. Vous vous inquiétez de me voir rentrer en campagne, mais c’est mon état, cher ami. Je suis soldat et mon devoir est la guerre quand l’on envahit la patrie de mon idée. Mais ce n’est pas de politique que je m’occupe, sachez-le. Vous me demandiez aussi le sujet de ce roman qui m’occupe si fort ? Je vous l’ai dit, je crois. C’est la guerre aux hypocrites. Cela vous inquiétait pour moi. Pourquoi cela, mon ami ? La mission douce et persuasive que vous m’attribuez n’a de valeur que si elle est sincère et brave à l’occasion.

…La préoccupation qui nous lie, celle de donner du bonheur aux autres, est la mise en commun de ce qu’il y a en nous de meilleur et de plus important… »


La jeunesse des écoles apprécia à sa juste valeur cette « bravoure de soldat » et à la première occasion — qui fut la première de Villemer à l’Odéon — fit des ovations très démonstratives à l’auteur de Mademoiselle La Quintinie.

Lorsque ce roman parut on fit des tentatives pour en trouver la clef, pour découvrir les personnes réelles que George Sand avait mises en scène, on avait tâché de dévoiler aussi les noms des héros. On demandait même dans les colonnes de l’Intermédiaire des chercheurs et des curieux, si sous les noms du « père Onorio », de « l’abbé Moréali » se cachaient des personnages réels, à quelle époque ils avaient vécu ou si ce n’étaient que des êtres créés par l’imagination de l’auteur. On alla jusqu’à dire que le sermon du père Onorio à la suite duquel Lucie La Quintinie abjure la religion catholique, n’était que la reproduction presque textuelle des « anathèmes » de Louis Veuillot contre le père Passaglia dans son Parfum de Rome.

Quoi qu’il en soit, Mademoiselle La Quintinie souleva une grande tempête, et lorsque neuf ans plus tard, en 1872, George Sand fit des démarches pour mettre à la scène un drame tiré de