Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T4.djvu/446

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sympathie pour Mme Sand de la part de la jeunesse des écoles et de tous les gens avancés. C’est l’un de ses romans militants et lorsqu’on fait le bilan de ses tendances libératrices et de ses romans à thèse, on lui donne l’une des premières places. Mademoiselle La Quintinie, c’est comme une conclusion ou un commentaire à Spiridion. Seulement il n’est point écrit sous la forme fantastique et romanesque de Spirdion, c’est un roman parfaitement réaliste, se rapprochant presque des romans naturalistes par sa manière et par le développement de l’action et ne s’en distinguant que par l’absence des scènes grossières.

Nous venons de dire que ce roman fit beaucoup de bruit. Il sépara les lecteurs en deux camps : les uns admiraient outre mesure cette courageuse protestation contre le clergé alors au faîte du pouvoir, les autres s’indignèrent et appelèrent sur la tête de l’auteur les foudres de l’Église. Ce qui les horripilait surtout, c’était le fait que le héros du roman était un prêtre, l’abbé Moréali.

George Sand se rendait très bien compte de tout cela ; nous trouvons dans ses lettres inédites d’intéressants passages qui le prouvent.

À Alexandre Dumas fils
Nohant, 1er janvier 1863.

… Buloz a entendu dire que le roman de Monsieur Dumas était fini. « M. Dumas » ne lui avait-il pas promis la préférence ? « M. Dumas » devrait bien penser à lui, etc., etc. Enfin Buloz est impatient de lire et il est bien avéré pour moi que c’est chez lui un désir sincère de pouvoir rehausser sa replie de votre nom. Mais voudra-t-il de nos petites élucubrations ? Moi, j’ai là un millier de pages contre les cagots, lesquelles, malgré sa demande, lui paraîtront contenir neuf cent quatre-vingt-dix-neuf pages de trop. N’importe, essayons la littérature sans hypocrisie, dans cette même revue qui a publié Sibylle[1].

Deux mois plus tard, elle écrit à Boucoiran :

Nohant, 8 mars 1863.

… J’ai fait un roman peu catholique qui commence à paraître dans la revue et qui m’attirera bien des injures. Maurice a fait un roman

  1. Roman d’Octave Feuillet. Voir plus loin, p. 439.