Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T4.djvu/451

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adressée a lui avec la prière de faire obtenir le prix Montyon à un certain Verbet[1] et aussi à propos d’une affaire toute personnelle : son désir de publier sa correspondance avec Musset. Sainte-Beuve se montra, en cette circonstance, bien digne de la confiance que son illustre amie avait en son inaltérable amitié. Peu à peu, comme au bon vieux temps, G « orge Sand se mit à parler à son vieil ami de toutes ses affaires littéraires et privées et à le consulter sur toute chose. Lui, voyant combien cette « illustration de son époque » était obligée de travailler de façon constante, désireux de lui venir en aide et d’alléger un peu le poids de son fardeau, eut l’idée de demander pour George Sand un prix d’Académie, le prix Gobert (20 000 francs). Nous avons parlé de ces démarches au chapitre vii de notre premier volume. Nous avons signalé combien Mérimée s’était montré chevaleresque en lui donnant sa voix, tandis que Sandeau, diplomatiquement, n’assista pas à la séance, et le prix fut décerné à Thiers. Tous les détails de cette histoire se lisent dans le livre de M. Nisard, Souvenirs et notes biographiques, et dans le livre du vicomte de Spoelberch : la Véritable histoire de Elle et Lui, on peut aussi y lire toutes les lettres échangées à ce propos entre Sainte-Beuve, Sandeau, Mérimée et autres, et savoir quels académiciens étaient présents ou absents ce jour-là[2].

Il paraît qu’on fut très attristé à la cour de Napoléon III de l’échec de Mme Sand ; on le prit tellement à cœur qu’on eut ridée de l’en dédommager en proposant à l’auteur du Marquis de Villemer une somme prise sur la cassette de l’empereur, égale à celle du prix académique. Le prince Jérôme fut, paraît-il, l’auteur de cette idée. Mais il se peut aussi qu’elle lui fût soufflée, ainsi qu’à la princesse MathUde, par Sainte-Beuve, l’ami commun de l’auteur et de ces princes. Cet épisode se trouve relaté dans la lettre de Mme Sand à sa cousine Mme Pauline Villot, très liée avec le prince Jérôme et sa famille grâce à la position de son

  1. Dans le volume des Lettres de George Sand à Musset et à Sainte-Beuve publiées en 1897, ce Verbet est appelé tout le temps « Pubet ». C’est une faute d’impression… à plusieurs éditions.
  2. Voir aussi le volume précité des Lettres de George Sand à Sainte-Beuve.