Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T4.djvu/458

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Elle voulait même introduire dans son roman l’épisode que voici : « Monsieur Jacques rencontrerait une fois dans son existence monsieur Jean », son frère inconnu, un autre fils de Rousseau. Mais ce projet ne fut pas réalisé, Mme Sand n’écrivit point ce roman.

Revenons à l’époque du mariage de Maurice Dudevant et au récit de la rie de George Sand depuis 1862. Peu de temps après leur noce les jeunes mariés allèrent passer quelque temps chez le « papa Dudevant », et George Sand alla, comme à l’ordinaire, s’installer pour quelques jours à Gargilesse à la villa Manceau (comme elle le dit dans sa lettre du 21 juin 1862). Elle y fut accompagnée cette fois, outre Manceau, par Dumas fils. Lorsque Maurice et sa femme revinrent, Mme Sand alla à Paris. Au commencement de 1863, au contraire, les jeunes époux y passèrent quelque temps et Mme Sand resta à Notant. Elle quittait ainsi Nohant de temps en temps et y laissait à dessein le jeune couple tout seul, afin de les habituer, comme elle disait, « à se passer d’elle et à savoir gouverner eux-mêmes leur existence ». Elle continuait donc à séjourner de temps à autre à Gargilesse, tantôt pendant quelques jours, tantôt plus. C’est ainsi qu’elle y passa quelques semaines du printemps 1863 après le retour de ses enfants à Paris et y écrivit la délicieuse bleuette Ce que dit le ruisseau, citée au chapitre précédent. Ce petit conte, imbu d’un profond panthéisme, est tout aussi charmant qu’une autre étude, également inspirée par le doux murmure de la Gargilesse et simplement intitulée le Ruisseau que nous avons aussi mentionnée au chapitre xi.

L’auteur, prenant encore une fois le pseudonyme de ce Théodore[1] que nous connaissons déjà par les dialogues Autour de la table, rencontre aux bords du ruisseau une nymphe, qui lui défend

  1. George Sand s’était déjà cachée sous ce nom d’emprunt dans la description de son arrivée à Venise avec Musset, par laquelle commençait ce Fragment d’un roman qui n’a pas été fait, écrit en 1842, dont nous avons parlé dans nos deux premiers volumes et qu’on peut lire aux p. 137-147 du livre du vicomte de Spœlberch, Véritable histoire.